[Scène locale] viñu-vinu – Exilio Transitorio
Le début d’Exilio Transitorio est très cinématographique. C’est facile de s’imaginer une scène. Peut-être que c’est l’interprétation de cette première pièce qui donne le ton pour la suite de l’écoute?Hombres de Armas nous fait ensuite entrer dans le vif du sujet, avec de l’activité, de l’action même. Au milieu de ce deuxième titre, une voix robotique mais très humaine prend la parole en français et nous plonge dans une histoire. «Il faut continuer à vivre, se regarder dans la vérité du miroir». Breve Mensaje al Imperialismo ramène l’auditoire dans un monde instrumental et révélateur: cette vérité s’exprime peut-être à travers la musique, même si elle n’est pas tout le temps clair et des glitchs nous font douter.
Après un interlude, l’EP continue avec encore plus d’assurance. Les synthés du cinquième titre nous font penser à Aphex Twin. Quant au sixième, il porte le même nom que le précédent, mais en français plutôt qu’en espagnol. Propositions pour empêcher le fascisme, un titre adéquat, une voix sincère, «Une intuition collective, pour nous défendre de la bête…».
La septième pièce est la seule qui inclut un featuring autre que les musiciens officiels de l’album. Once de Septiembre est une collaboration avec Julián Muro. La structure est très intéressante: bien que la chanson soit courte, elle est très expressive. L’artiste argentin lit son texte de façon concise, alors que l’instrumentale derrière est en mouvement. À mi-chemin, elle prend une autre tournure; à la fin, elle disparait, nous laissant l’occasion de nous concentrer sur les paroles du musicien. Ce titre résume la dualité linguistique de cet opus, car en arrière-plan, plus discret, un texte en français est lu tout au long.
Encore une fois, la chanson qui suit est un dérivé en français, le titre étant Septembre. Une autre pièce instrumentale et qui, encore une fois, semble toute à sa place. Une percussion qui agit comme un battement de cœur musical, une succession d’instruments parfois en synchronisation, parfois en décalé. Une belle échappatoire musicale avant Souvenirs, qui nous remet plus dans un contexte de musique en soutien du storytelling.
Recuerdos a la Libertad, l’avant-dernier morceau est une douceur électronique teintée de jazz. Une belle manière de nous ramener sur terre avant Exil Transitoire, un beau résumé non forcé de toutes les facettes de cet opus. De la narration en français et en espagnol, des percussions IDM, un magnifique bridge instrumental qui nous tient en haleine.
Exilio Transitorio peut sembler lourd ou trop expérimental aux premiers abords, mais c’est justement l’atmosphère intrigante, le coté storytelling poussé à son paroxysme, l’expérimentation et l’explosion de synthés et de percussions, la composition intriquée et le dialogue, voire le mariage entre le français et l’espagnol qui le démarquent et en font un bijou!
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Paru le 9 avril 2021 sur Florafone Records et Mystery Circles.
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