[Illustration] Joël Lavoie – Cabines
Malgré notre passion pour les mots, l’équipe du site mijotait depuis longtemps l’idée de faire des chroniques illustrées. C’est pourquoi nous avons décidé de nous associer à différents illustrateur·trice·s afin de proposer cette méthode alternative d’analyse d’une œuvre sonore.
Nous sommes très enthousiastes de lancer le concept avec un artiste montréalais qui a gentiment voulu se prêter au jeu pour notre toute première expérience. Espérons que vous apprécierez cette incursion dans la tête de nos artistes visuels qui se feront un malin plaisir à dépeindre nos sélections musicales.
Il est possible d’obtenir une copie imprimée de l’illustration au coût de 5$, tous les profits sont remis aux artistes.
Écrivez-nous à l’adresse suivante : info@mesenceintesfontdefaut.com
L’illustration est basée sur mes premières impressions de l’album Cabines par l’artiste Joël Lavoie.
Dès la première note, un mouvement lent et serein m’a évoqué quelque chose ressemblant à un soleil levant. Un peu à la façon de la flamme d’une chandelle, il apportait une lumière qui vacillait doucement. Un peu plus tard, un son apparait discrètement et se transforme en quelque chose de subtilement distordu, ce qui détonne avec l’ambiance sereine et la sensation plus organique qui rappelait jusqu’ici les grands espaces. Ce contraste amène une légère angoisse qui n’est pas nécessairement oppressante, mais qui s’apparente plutôt à une présence mystérieuse s’approchant silencieusement, encore trop éloignée pour être identifiée.
Mon impression a par la suite évolué en quelque chose de plus précis. La scène qui apparaissait dans ma tête devenait progressivement un lever de soleil éclairant une silhouette qui se détachait à l’horizon. Maintenant, l’album représentait la trame sonore d’un long déplacement vers l’inconnu, progressant sans bruit, à la façon dont dérive paisiblement un objet flottant sur un cours d’eau.
Si je devais relever le point central du concept de la cassette, ce serait ce contraste mentionné plus haut. Une sorte de sensation lénifiante qui détend et qui rappelle un endroit naturel et tranquille qui se mélange subtilement à quelque chose de plus artificiel. Comme le son de la bande magnétique d’une cassette usée par le temps ou encore le bruit discret que l’on peut entendre en provenance des circuits électriques lorsque, tard le soir, la ville s’endort.
Pour moi, Cabines est un album propice à l’introspection et la solitude, un peu comme une balade en forêt ou sur le bord de l’eau. C’est un refuge pour toutes les âmes perdues dans notre désert de bitume qu’est ce doux-amer Montréal.
Pour acheter l’album, c’est ICI.