[Scène locale] Ginger Breaker – Pumping The Tires Of Hell
Le musicien montréalais œuvrant sous le pseudonyme Ginger Breaker a laissé paraître en mai dernier son premier album Pumping The Tires Of Hell via l’étiquette Booma Collective. Toutefois, l’artiste n’en est pas à ses premières compositions puisqu’un EP est paru l’an dernier sur le label NEW de Tobias Rochman. Il compose également un électrisant duo avec Marie Davidson soigneusement nommé Sleazy. Comme la plupart de la meilleure musique sortant de Montréal, cette plus récente parution de Ginger a été mixée par le talentueux Pierre Guerineau (Essaie Pas, Feu St-Antoine). Cette cassette frappe très fort, l’imagerie particulière caricaturant une certaine portion de la culture québécoise est devenue la marque de commerce du musicien, étonnamment cela se fusionne parfaitement avec son étrange techno. Alors, débouchez-vous une Labatt 50 et faites-vous plaisir lors de la lecture.
Sans surprise, Ginger entame son album avec un bruit de moteur qui grogne bruyamment. Cette brève introduction nous transporte rapidement vers un rythme électronique effréné qui se dirige dans une seule direction, vers l’avant. Avec une telle puissance, il est facile de saisir pourquoi il s’agit de l’un des artistes les plus florissant de la scène montréalaise. C’est droit au but, cette introduction ultra énergique à de quoi mettre le feu à n’importe quel système sonore. Après que la bombe qui ouvre l’album soit derrière nous, un changement de ton évident se fait sentir.
La deuxième piste, à l’image de son titre, brise drastiquement la cadence. La rythmique beaucoup plus effacée et cyclique n’enlève cependant rien à l’efficacité du morceau. Une excellente manière de démontrer la diversité des aptitudes de cette étoile montante de la techno québécoise. Les premiers sons qui jaillissent sont surprenants, ce qui semble être un bruit de scie vient briser l’impeccable tempo préalablement établi par la finale de Ginger Heartbreaker. Un étourdissant déferlement de percussions nous transporte vers le surprenant jingle publicitaire « Portez attention à vos pneus, ils vous parlent » arrive sans avertissement en fin de morceau. C’est un agréable rappel de la thématique de l’album, c’est-à-dire les pneus, un sujet que nul autre que Ginger Breaker pourrait exploiter de cette manière.
À mi-chemin dans cet album, le musicien montréalais nous propose un morceau typiquement taillé pour faire bouger les foules. De simples percussions répétitives composent le titre le plus homogène de Pumping The Tires Of Hell. Des similarités avec la formation locale Motorkiller font surface lors de l’écoute de cette quatrième composition, ce qui fait beaucoup de sens puisqu’ils ont joué à de nombreuses reprises lors de mêmes soirées. Dès la première note, Il est facile de deviner qu’il s’agit du morceau avec le plus de personnalité de l’album. Un segment vocal entièrement trafiqué vous offre la voix d’un technicien parlant de l’alignement des pneus, cette addition crée un effet de montagnes russes tout au long du morceau. Les portions instrumentales sont très techniques et tribales tandis qu’un tourbillon d’effets nous frappe lorsque le sample vocal se fait entendre. Sans contredit l’un des moments forts de l’album en raison de la rythmique tout à fait hallucinante.
Une merveilleuse transition nous dirige vers le dernier morceau consistant de la cassette, une liaison parfaite entre l’originalité de Everybody Wish They Were Québécois et le calme de la piste finale de l’album. La mélodie de Rouge Vin est destinée à un dancefloor de fin de soirée, c’est un retour vers la sonorité plus vicieuse de la deuxième pièce de l’album. L’original et intriguant titre crée des attentes et laisse place à l’imagination, mais la mélodie qui émane n’est pas celle anticipée. Autodrome Saint-Eustache représente une constante pente descendante menant à la fin de Pumping The Tires Of Hell. Cette conclusion très aérienne prouve encore une fois l’imprévisibilité de l’artiste, la cassette agit comme le parfait résumé d’un musicien décrivant son style de vie par « cigarettes, scotch et cocaïne ».
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Paru le 15 mai 2017 sur Booma Collective.
- Révision du texte par Geneviève.