[Scène locale] BLD + Eric Craven – 001.9
La plupart des membres formant BLD, aussi connu sous le nom de Black Light District, me sont déjà familiers. Je me suis retrouvé à maintes reprises devant eux lorsque certains de leurs autres projets comme Ghidrah, Maggot Breader ou Squalor ont foulé les planches. Il était alors impératif que leur collaboration avec le percussionniste montréalais de renom Eric Craven trouve sa place sur notre site. À mon humble avis, cette fusion totalement psychédélique entre ces deux entités ne pouvait tout simplement pas rester dans l’ombre.
1. Without A Trace
Cette escapade hallucinogène débute dans la beauté la plus absolue. Après quelques secondes, il est déjà évident que la synergie entre les cuivres (Nel, Reüel et Véronique), les percussions (Eric) et le synthétiseur (Charly) saura nous catapulter vers le cosmos. Ce n’est pas très étonnant que cet album se retrouve sur l’étiquette locale Cuchabata Records, une véritable référence en matière de musique expérimentale au Québec. Cette parfaite entrée en matière nous dirige avec conviction vers la suite des choses. Seulement deux minutes d’écoulées et 001.9 s’annonce d’ores et déjà magistral.
2. New Apocrypha
La plus longue improvisation s’entame aussitôt. Les sournoises distorsions nous acheminent à petit feu vers un lieu inquiétant de notre subconscient. Lentement, le temps s’efface et nos repères se font de plus en plus rares. New Apocrypha me donne l’impression d’être une malédiction sonore, un assemblage de bruits qui ne veut pas nécessairement notre bien. Une certaine méfiance est de mise afin de ne pas être entièrement ensorcelé·e par ce confort illusoire.
Heureusement, j’ai un fort penchant pour la musique qui frôle avec le malsain, c’est pour cette raison que BLD m’a immédiatement mis dans sa poche avec ce titre déjanté. Cette descente aux enfers, menée par des percussions de plus en plus frénétiques, se veut l’une de mes plus belles expériences musicales des derniers temps. C’est imprévisible, étoffé et ça regorge d’originalité.
3. Messengers Of Deception
Le prochain rituel porte bien son nom puisque de préoccupants murmures ne cessent de retentir dans les premières minutes. L’ambiance est complètement différente, le synthétiseur domine largement l’introduction jusqu’à ce qu’Eric vienne chambarder l’équilibre avec ses martèlements vigoureux. Plus les secondes défilent, plus nous prenons conscience que nous nous engouffrons dans quelque chose d’irréversible. Cette spirale sans fin a pourtant quelque chose de confortable, une certaine quiétude naît du chaos. La finale assourdissante vous permettra de vous ressaisir et de poursuivre votre périple musical vers le dernier droit qui s’annonce tout aussi intense.
4. This Hollow Earth
Le morceau de clôture laisse presque toute la place au tromboniste Reüel Ordoñez dans les premiers instants. Son jeu, pratiquement légendaire dans la scène montréalaise, donne le ton de cette dernière escapade musicale. De surprenantes vagues de synthétiseur surgissent sans avertissement et propulsent le morceau vers une ambiance légèrement plus cosmique que l’ensemble de la parution. Décidément, les surprises se succèdent rapidement avec BLD, c’est un album planant qui renferme une quantité phénoménale de petits détails savoureux. À notre plus grand bonheur, la lente conclusion nous laisse le temps de reprendre nos esprits et d’envisager une seconde écoute de 001.9 parce que, soyons honnêtes, c’est impossible d’avoir tout saisi après une seule lecture.
La richesse de ce disque est sensationnelle, il s’est définitivement passé quelque chose de spécial dans ce studio l’été dernier lors de l’enregistrement. Le moins que l’on puisse dire est que cette séance d’improvisation estivale en fut une d’exception. C’est une œuvre à écouter absolument, idéalement sous l’influence de votre substance favorite.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 9 décembre 2017 sur Cuchabata Records.
- Révision du texte par Geneviève Larouche.