[Recommandation] Fis & Rob Thorne – Nga Parirau o te Karearea
Si vous aimez les sonorités noisy et expérimentales tout à fait déjantées, vous avez peut-être déjà fait connaissance avec Fis & Rob Thorne. Leur premier album collaboratif, Clear Stones, est paru en mai 2017 et le duo a récidivé à la fin de l’année avec une nouvelle offrande qui est, à mon avis, encore plus forte et choquante que la précédente. L’alliance entre l’électro expérimentale unique que seul Fis peut créer et les instruments à vent contrôlés à la perfection par Rob est magistrale. Il m’a fallu plusieurs écoutes avant de comprendre ce que Ngā Parirau o te Kārearea représente réellement. Dès les premiers balbutiements, tous nos repères disparaissent.
Lorsque vous appuierez sur play, attendez-vous à sortir de votre zone de confort. Te Whaitiri i te Kūaha, l’introduction de cette aventure, débute timidement, mais quelques instants suffiront pour que votre esprit chavire dans un univers parallèle. Ce nouveau monde est bestial, inquiétant. Rien n’est laissé au hasard par les deux musiciens, leur contrôle est complet, mais le tout demeure imprévisible. L’ouverture de l’album est lente, mais nous sentons la tension monter et nous nous dirigeons vers un voyage rocambolesque. La transition vers White Horses se fait dans le calme, mais l’amorce du deuxième écho l’est beaucoup moins. Nous entendons, pour la première fois avec insistance, les instruments à vent pilotés par Rob Thorne et les sons qui émanent de cette fusion sont sublimement chaotiques. Nous constatons une perte de ce contrôle préalablement établie et chaque particule sonore s’entredéchire dans un élan de folie qui, finalement, nous mène vers Ko au te hau. La pièce médiane de l’album nous offrira un certain moment de répit. Malgré le fait d’être une déconstruction sonore en règle, ce morceau est le plus harmonieux du lot alors que l’hymne est plus aérien. Il s’agit d’un abri paisible dans cette nature tourmentée.
Ko au te hou vient mettre un terme à cette courte période d’accalmie pendant que les grondements reprennent et nous entourent. De douces et lointaines incantations émergent pour se mêler à cette valse qui prend abruptement fin avec un vacarme des plus déstabilisant. Un sentiment d’anxiété monte et rarement aurais-je été aussi ébranlé lors de l’écoute d’une chanson. Le bruit est agaçant mais, à la fois, grandiose et transcendant. S’amorce, par la suite, la conclusion qui est également le morceau le plus imposant: All Dies Under The Sun s’annonce comme la dernière escale d’un long et sinueux périple. Le rythme s’installe lentement et nous fait ressentir toute l’ampleur de la mélodie. Le soleil se lèvera enfin, mais pour être remplacé par les tourments de la nature. Les éléments s’entrechoquent et nous ne pouvons que nous résigner face à une telle puissance. Le silence qui s’ensuit n’arrive pas à jeter un baume sur la consternation que viennent d’amener Fis & Rob Thorne. Il faudra plusieurs secondes pour s’en remettre.
En plus d’être une expérience musicale renversante, Ngā Parirau o te Kārearea, paru sur la maison de disque Saplings Records, représente un projet tout à fait formidable. Cette étiquette, dont Fis est le fondateur, œuvre en collaboration avec l’Eden Reforestation Projects. La maison de disques ne produira aucun format physique de ces parutions et les profits serviront à la plantation d’arbres. Je trouve génial de voir des initiatives de la sorte se réaliser et que notre passion pour la musique s’allie avec la protection de l’environnement.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 29 décembre 2017 sur Saplings Records.
- Révision du texte par Geneviève.