[Scène locale] Laura Krieg – Recherche spatiale
Je dois l’avouer, il y a de cela quelques semaines, je ne connaissais toujours pas Laura Krieg. J’ai pourtant eu la chance de la voir inconsciemment sur la scène de la Sala Rossa en décembre dernier aux côtés de Johnny Couteau. La découverte de cette musicienne espagnole, résidant maintenant à Montréal, m’aura fait le plus grand bien et je me sens choyé que ses mélodies soient parvenues à mes oreilles à un moment charnière de ma vie. Recherche spatiale, son premier album, est paru sur l’excellente étiquette locale Jeunesse Cosmique il y a exactement un mois et il doit absolument s’ajouter à votre liste de lecture.
De la « pop brutaliste », c’est de cette façon, plus qu’originale, que Laura décrit ses compositions. À première vue, cette appellation semble plutôt amusante, inhabituelle et surtout remplie de mystère, mais c’est lorsque l’on se pose pour bien écouter que l’on réussit à saisir ce qu’elle constitue réellement. La pop brutaliste est plus qu’un style musical, c’est une manière de s’exprimer propre à la Montréalaise d’adoption. Elle se traduit par d’authentiques sonorités de synthétiseurs alliant des influences pop, punk et électronique ainsi que sa voix unique et étincelante.
Le tout débute lentement avec Ondes gravitationnelles, l’entame de cette magnifique offrande, qui sert de rampe de lancement pour bien s’imprégner de l’ambiance qu’elle veut transmettre. Dès lors, des notes rétro dignes de la trame sonore d’un film de science-fiction des années 80 retentissent et contribuent à l’installation d’une atmosphère glauque, mais invitante. Il ne faut pas s’aventurer loin dans l’enregistrement pour constater une augmentation de l’intensité. La combinaison entre les percussions, les synthétiseurs et parfois la guitare ou la basse favorise l’élaboration de rythmiques énergiques et entraînantes rendant l’écoute plus qu’agréable. Néanmoins, l’élément le plus imposant de sa musique est certainement son éclatante voix qui résonne sur la vaste majorité des morceaux. Il est rarissime qu’un album soit trilingue, mais c’est bien le cas de celui-ci, alors que la musicienne alterne entre l’anglais, l’espagnol et le français pour s’exprimer au travers de ses créations. Parfois défiante, d’autres fois charmante, sa voix est chargée de confiance et d’assurance me rappelant un peu le chant d’Annie-Claude Deschênes, chanteuse de la formation montréalaise Duchess Says.
Les compositions de Laura Krieg m’éveillent un énorme sentiment de mélancolie, m’obligeant à fermer les yeux en souriant tout en balançant mon corps paisiblement. Je n’avais pas ressenti cette sensation depuis l’écoute du dernier album du groupe Black Marble qui aura été une révélation colossale. Les morceaux Below Sea Level et Against The Dark Blue Sky représentent les exemples parfaits de ce spleen introspectif. Ce phénomène se caractérise par une certaine tristesse, mais qui fait du bien au final. La musique créée par l’artiste sur Recherche spatiale incarne un remède contre les maux de l’âme!
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Paru le 25 avril 2018 sur Jeunesse Cosmique.
- Révision du texte par Sandra.