[Scène française] Witxes – Orients
L’Orient est un imaginaire, place névralgique dans l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, un détour pour revenir au soi. Partir en quête d’Orient serait alors figuré comme l’idée de partir pour se retrouver.
Orients de Witxes retrace autant de cheminements possibles dans ce parcours. S’il est question de voyage, il est bien sûr intérieur et non exotique. Il est aussi une voie globale faite d’étapes, pour aller puiser ce qui fait l’essence de la musique de Maxime Vavasseur, musicien derrière le projet.
Avec ses créations immersives et expérimentales, l’album nous permet de serpenter dans cet itinéraire fait d’espoir et d’échec, de doutes et de certitudes. Il y a là des nuages de quiétude sonore qui se juxtaposent à des tumultes. Notamment avec les fins abruptes de plusieurs pièces comme Disruptions et Incarnations, ou encore grâce aux tensions électroniques qui jalonnent l’album; retenues dans Rogues, puissantes dans Interventions et incontrôlables dans Clairvoyants.
Impossible alors de se complaire dans les sensations et sentiments qui s’invitent au fil des morceaux, on bascule avec grâce d’un état à un autre, tout autant instable et fragile qu’ébloui et assagi.
Orients est le troisième album du français, cette fois-ci signé sur l’étiquette belge Consouling Sounds. S’il apparaît plus électronique que ses deux prédécesseurs, il n’en reste pas moins teinté de la signature que Witxes développe depuis 2010. Les éléments acoustiques sont encore discernables, mais volontairement transformés à l’extrême. L’ensemble des huit titres joue sur une vaste plage dynamique, conférant une densité labyrinthique aux paysages sonores. L’écriture est logiquement faite de strates, constituant avec habilité des contrastes et correspondances, telles des pensées qui se chevauchent, se contredisent et pourtant font avancer.
Puisque c’est bien cela dont il s’agit: se parcourir, que ce soit vers des Orients ou des Occidents, et se laisser évoluer au gré d’efforts conscients et inconscients. Nul doute que l’album comporte en filigrane le parcours de son créateur, une intimité propre comme vecteur universel, permettant aussi à l’auditeur de se retrouver avec lui-même, de plonger dans son imaginaire.
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Paru le 1 juin 2018 sur Consouling Sounds.
- Révision du texte par Sandra.