[Recommandation] Abul Mogard – Above All Dreams
Bienvenue à bord d’une navette spatiale à la dérive dans les confins de l’univers. Ce vaisseau transporte un équipage dont l’espoir de retrouver la Terre s’est évaporé depuis déjà bien longtemps. Condamné·e·s à attendre la mort à petit feu, les astronautes ont alors décidé de faire jouer en boucle l’album Above All Dreams en guise de trame sonore de leur dépression interstellaire.
C’est effectivement par-delà les champs, les maisons, les immeubles, les nuages, les satellites et surtout les rêves que leurs corps flotteront éternellement. Puisque le silence de l’agonie était devenu trop pénible, l’idée de mettre de la musique s’est rapidement imposée. Vous vous demandez sans doute pourquoi la sélection s’est arrêtée sur Abul Mogard? C’est toutefois très simple, car lorsque vous faites face au néant, les seules choses qui demeurent sont vos souvenirs. Le moins que l’on puisse dire est que l’énigmatique musicien serbe maitrise impeccablement l’art de la nostalgie.
Une fois la panique estompée au sein de l’équipe, la communication était alors devenue futile. De toute manière, que reste-t-il après cela si ce n’est que la contemplation des derniers instants? Le choix musical se veut alors crucial. Avez-vous déjà fait l’exercice de sélectionner l’album qui vous guidera vers l’éternité? Dans tous les cas, souvenez-vous que celui-ci pourra certainement remplir ce rôle si vous êtes dans l’indécision la plus totale.
Est-ce possible de faire jouer de la musique dans l’espace? Je présume que oui, enfin, je l’espère de tout cœur pour ces pauvres âmes qui sont apparues dans mon imaginaire lors de l’écoute de ce fabuleux disque. Une chose est certaine: c’est que la conclusion de ce merveilleux opus me donne envie de les accompagner dans cette involontaire cérémonie mortuaire. Il y a certainement quelque chose de poétique à mourir de façon impuissante en se désintégrant à l’approche du soleil ardent.
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Paru le 22 juin 2018 sur Ecstatic.
- Révision du texte par Geneviève.