[Entrevue] Black Givre
Il est très étrange de constater qu’après deux ans d’existence, nous n’avons jamais parlé du magnifique projet Black Givre. Afin de rectifier la situation et d’enfin vous présenter le projet solo du musicien montréalais Samuel Bobony, voici un entretien que nous avons eu avec lui parallèlement à sa récente tournée d’une trentaine de dates aux États-Unis.
Nous en profiterons aussi pour souligner la parution de son tout nouvel album Errance et mépris qu’il aura l’occasion de lancer le 6 décembre prochain à la Casa del Popolo en compagnie de Buffalo MRI, Data Slum et sa partenaire de tournée Kee Avil. C’est le moment de plonger dans son univers sonore et de découvrir son fascinant parcours. Bonne lecture!
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Ce n’est plus un secret pour personne, tu adores être bien installé derrière ta batterie. Comment cette passion pour les percussions est-elle arrivée dans ta vie lorsque tu étais plus jeune?
J’ai commencé à jouer de la batterie en autodidacte vers l’âge de 14-15 ans. Puis, j’ai fait mes premiers spectacles dans les bars à 16 ans au sein de groupes hardcore et metal. Je rêvais de pouvoir faire des concerts et des tournées. Je me suis ensuite dirigé vers le jazz, le post-rock et les musiques expérimentales en laissant derrière moi la pédale double et les cheveux long.
© Kee Avil – Concert au Mills College à Oakland, Californie.
Non seulement tu adores taper sur tes tambours et cymbales, mais tu manipules simultanément le son avec plusieurs appareils électroniques. Comment as-tu débuté à développer cette technique qui propose une fusion improbable des styles?
Je pense que c’est suite à un concert de Kieran Hebden (Four Tet) en duo avec le défunt batteur Steve Reid au Festival de jazz de Montréal que tout a commencé. L’album Tongues, paru en 2007, était une porte d’entrée d’inspiration musicale où la batterie et les électroniques dialoguaient ensemble. Une sorte de jazz noise. Je me souviens m’être dit que je devais trouver un moyen de pouvoir faire ce genre de truc. J’ai alors commencé à m’équiper: un MPC 1000, Kaoss Pad, SP404, etc.
C’est en 2012 que j’ai débuté officiellement Black Givre. Tanné de partir des projets avec des gens qui me laissaient tomber après quelques mois, je me suis dit qu’un projet solo serait un meilleur investissement de temps à long terme. Depuis, j’expérimente avec ces deux médiums instrumentaux, soit la manipulation sonore et la batterie.
Tu es actuellement en tournée à travers les États-Unis avec la très talentueuse musicienne Vicky Mettler (Kee Avil). Comment se déroule l’expérience jusqu’à présent et d’où vous est venue l’idée de partir ensemble pour ce long périple?
Ça se déroule super bien. Faire 36 concerts en si peu de temps, c’est intense dans tous les sens, mais surtout très agréable. Faire des tournées est une des choses que je préfère dans la vie, donc je ne vais pas me plaindre. Avec Vicky c’est très simple et easy going. Je ne me lasse pas de la voir performer ses compositions. Elle est très sérieuse dans sa démarche et j’ai beaucoup de respect pour elle. L’idée de partir en tournée ensemble est venue lorsqu’elle m’a dit qu’elle partait seule cet été pour 33 concerts aux États-Unis. Je lui ai dit que j’aurais aimé faire le trip avec elle. Elle avait déjà en tête cette seconde tournée pour l’automne, donc nous avons commencé le travail de booking ensemble dès le début du mois de juillet.
Le 16 octobre dernier, ton nouvel album “Errance et mépris” paraissait sur la maison de disques La Cohu. Quelle est l’histoire qui se cache derrière cette nouvelle parution et dans quelles circonstances fut-elle créée?
Cet album a été enregistré deux fois plutôt qu’une, dans deux studios différents. La deuxième fois était au retour d’une tournée européenne avec l’artiste visuel Sonya Stefan. Je n’arrivais pas à trouver ce que je cherchais. Peut-être à tout jamais je le chercherai, mais beaucoup de choses ont évolué entre le début et la fin. Le processus à été long, j’ai souvent dû mettre l’album de côté pour m’occuper de mes autres projets. Je suis très content du résultat. Le sortir sur La Cohu était important pour moi, car j’avais fait la tournée avec Charles Barabé aux États-Unis en 2015 et je lui parlais déjà à ce moment de ma problématique de trouver un équilibre entre pièces électroniques et folie percussive. Sortir cet album est entre autres une manière de clore cette boucle et de pouvoir passer à autre chose.
Tu lanceras d’ailleurs l’album le 6 décembre prochain à la Casa del Popolo en compagnie de Buffalo MRI, Data Slum et Kee Avil. À quoi pouvons-nous nous attendre de ta part pour ce spectacle de lancement qui s’annonce des plus électrisants?
Un peu du side A et un peu du side B. Une adaptation de l’album en fait. Je fais une interprétation des pièces tout en me gardant des libertés.
Tu te retrouves également aux commandes des percussions pour la formation montréalaise Avec le soleil sortant de sa bouche. Votre dernier album “Pas Pire Pop, I Love You So Much” avait retenu l’attention de plusieurs membres de notre rédaction l’an dernier. Quels sont les projets en cours actuellement avec le groupe?
Nous allons nous remettre au travail pour la composition du troisième album après le temps des fêtes. Jean-Sebastien Truchy était occupé avec Fly Pan Am. C’est entre autres pourquoi j’ai pu finir cet album et partir durant six semaines.
Étant l’un de membres fondateurs du festival Ibrida Pluri qui a vu le jour en 2015, pourrais-tu nous parler brièvement de l’idée derrière cette magnifique initiative? Devons-nous nous attendre à une quatrième édition dans un avenir rapproché?
L’idée derrière Ibrida Pluri est de faire un événement rassembleur. Nous essayons de mélanger des artistes qui proviennent de différents milieux (danse, film, arts visuels, arts sonores, musique, etc). Guillaume Vallée, Sonya Stefan et moi travaillons afin de faire un curating original et excitant, nous voulons présenter des performances uniques et diversifiées. Notre équipe s’agrandira et nous allons travailler sur une nouvelle édition pour 2019.
© Kee Avil – Concert à Chapel Hill.
Après le lancement d’un imposant nouvel album et une très longue tournée de plus d’un mois, disons que le dernier droit de 2018 aura été haut en couleur pour toi. As-tu prévu prendre un peu de repos d’ici la fin de l’année et quels genres de passe-temps te permettent de prendre une pause de la musique?
2018 a été intense par les trois tournées que j’ai effectuées. Je vais essayer de me reposer un peu dans la mesure du possible. Je n’ai pas vraiment de passe-temps en dehors de la musique si ce n’est peut-être la lecture. Je me sens inspiré pour créer du nouveau matériel et commencer à travailler sur les prochains projets de 2019.
Merci pour ton temps!
© Kee Avil – Concert à Eerie (PA).
- Révision du texte par Sandra.