[Scène locale] Oppression – Le cœur plein de rage
Il est 20h, le 24 décembre, la veille de Noël, l’ambiance se prête à la fête, à la fraternité, à l’amusement. Malgré cela, ce qui s’apprête à résonner dans mon casque d’écoute est tout autre. Les deux éléments ne pourraient pas être plus opposés. Je suis sur le point d’entreprendre une troisième lecture du nouvel album de la formation montréalaise Oppression. Avec un titre comme Le cœur plein de rage, on ne peut s’imaginer quelque chose de bien joyeux. Ce sera un réveillon différent des précédents, mais drôlement plus intense.
Je ne m’étais jamais arrêté à l’idée de savoir comment sonnerait un mélange de punk, de black metal et de oi. Probablement parce que je ne croyais pas que j’aurais un jour l’occasion d’entendre quelque chose du genre. Ce projet atypique me fait prendre conscience du privilège que j’ai de vivre à Montréal où les scènes underground sont si diversifiées, ouvertes et créatives. C’est encore une plus grande chance de pouvoir vous partager mes impressions.
La musique du groupe est très loin de ce que nous avons l’habitude de couvrir sur le site, mais tombe précisément dans mes cordes. Le punk est un exutoire parfait lorsque les choses ne sont pas au beau fixe, c’est un véhicule idéal pour extérioriser la rage et l’agressivité que ce monde peut nous obliger à emmagasiner. Ça peut parfois sonner comme un coup de pelle en plein visage, mais ça fait tout de même énormément de bien.
Le coeur plein de rage allie le meilleur de ces styles pour construire des morceaux au tempo rapide et extrêmement lourd. Les percussions dictent la cadence à suivre en nous martelant du début à la fin tandis que la guitare énergise les compositions en contribuant à l’aspect harmonique. Que dire du chant qui nous transporte vers différentes sphères musicales tout au long de l’album. Généralement criarde et revancharde, mais devenant par moments gutturale ou encore nous surprenant avec des segments plus mélodiques, la voix se combine toujours à merveille aux écrasantes notes.
Abordant principalement des thèmes relatant différents problèmes sociétaux ou individuels, les textes d’Oppression (pour ce que j’en ai compris), sont intéressants et ont le mérite d’être clairs. Isolation sociale et Jeunesse désillusionnée en sont de bons exemples. Le trio se permet aussi des passages plus légers comme un hymne à la vodka Moskovskaya qui est tout à fait splendide.
L’expérience se termine un peu plus de 30 minutes plus tard et j’ai effectivement le cœur plein de rage, les poings serrés, mais je me sens également libéré. Dégagé d’un poids qui hantait mon esprit. Je dois remercier les trois membres de la formation pour ce soulagement et pour cette intense séance musicale, ce n’est pas tous les jours qu’une telle expérience se présente. Longue vie au black punk!
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Parait le 7 janvier 2019 sur Productions Haineuses.
- Révision du texte par Sandra.