[Scène locale] Pulsum – The Fear You Give To Me
C’est toujours un immense plaisir de pouvoir écrire sur le travail d’un artiste que l’on peut facilement côtoyer lors de nos propres errances nocturnes.
Savoir que nous allons pouvoir en apprendre plus sur ses inspirations, mieux connaitre et comprendre son œuvre lors de longues discussions sur de passionnants goûts musicaux communs sont autant de motivations qui me poussent à écrire. D’autant plus que j’aime l’exercice d’avoir un retour de l’artiste et savoir si les mots que j’ai employés ont su décrire au plus près son travail.
C’est ainsi que pour cet article sur la scène locale, j’ai l’occasion de noircir quelques lignes pour parler de l’EP The Fear You Give To Me de l’artiste PULSUM, paru le mois dernier sur l’étiquette parisienne 99CTS RCRDS tenue par la prolifique Miley Serious.
Naviguant dans la bouillonnante scène underground montréalaise techno EBM dark wave qui pour tout avouer est la scène que je côtoie moi-même, PULSUM, originaire de Vancouver et de son vrai nom Connor, puise son inspiration dans le fantastique et sans fin répertoire dark-wave et post-punk des années 80. L’énergie créatrice qui en ressort a donné naissance à six beaux morceaux compilés dans cet EP, une plongée tragico-mélancolique post-punk noire.
Malgré des rythmiques relativement dansantes, PULSUM nous propose une expérience émotionnelle personnelle. Grâce à la musicalité des morceaux et à une cinématographie certaine, c’est toute une gamme de sentiments que l’on ressent et que l’on connait bien au quotidien: frustration, anxiété, perte de repères ou difficulté de savoir qui nous sommes vraiment.
Je voulais que les gens ressentent quelque chose à l’écoute de la musique, tellement de choses sorties récemment me paraissent ternes. Oui tu peux danser dessus, mais qu’est-ce que la musique te fait ressentir d’autre? Quelles autres émotions expérimentes-tu?
Enveloppé par une superbe couverture rouge et noire, l’EP s‘ouvre sur le morceau Eyes Shut, mélange dark-wave, industriel joint par les vocalises de Lees de Dregqueen, cher ami de Connor. La distorsion omniprésente dans la voix augmente considérablement l’insécurité et la noirceur de l’ambiance désincarnée du morceau. Treading Water prend la suite avec son beau jeu de batteries cinématiques, son ambiance extatique et son rythme pulsé.
Puis, ma piste favorite se lance, Last Glance, véritable ver d’oreille. La ligne de basse mélodique ultra dansante très accrocheuse donne le tempo pour un moment d’euphorie. Ce morceau résonne en moi longtemps après écoute et satisfait le danseur compulsif que je suis.
Place ensuite à Dried Roses. Par dessus une belle composition rythmée post-punk se dressent de belles vocalises d’une autre chère amie de l’artiste, qui n’est qu’autre qu’Ariana, la moitié de Mutually Feeling, l’autre projet musical de Connor. Dans ce morceau, à l’atmosphère pesante, la tension et l’angoisse de la confusion sentimentale sont les thèmes abordés.
Une virée nocturne dans une ville cyberfuturiste dévastée au bord du chaos, c’est ce que je ressens à l’écoute de Suitor, mon deuxième favori sur cet EP qui décidément ne compte que de splendides découvertes. En pleine quête d’identité, je me vois errer dans des ruelles sombres éclairées par quelques néons souillés par la pluie, sous cette ligne de basse contrôlant mes pas.
Enfin, le denier morceau, au titre éponyme, semble magnifiquement tout droit sorti des années 80. Nous donnant l’occasion de rehausser l’angoisse qui nous habite, les synthétiseurs perçants, hautement cinématographiques, nous glacent le sang et illustrent à la perfection, ce que l’on peut imaginer d’un vieux thriller noir.
PULSUM nous livre ici une belle création intelligente. À travers six morceaux bien ficelés techniquement, les pistes nous emmènent pour un profond voyage à travers notre imagination. Et n’est-ce pas le but ultime d’un artiste à travers son oeuvre, de pouvoir nous faire vivre cette ivresse de sensations? Alors pari réussi.
À suivre donc de très près dans la scène underground montréalaise et ailleurs.
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Paru le 12 février 2019 sur 99cts rcrds.