[Scène locale] Marie Davidson – Working Class Woman
Il y a de cela un an, l’éclatante Marie Davidson nous balançait son incroyable Working Class Woman au visage. À ce moment, il était plutôt impertinent de lui dédier une chronique sur le site en raison de l’imposante couverture médiatique qui se jetait déjà à ses pieds. Maintenant qu’elle nous annonce son retrait officiel de la scène «club» avec un flamboyant concert dans le cadre du festival Red Bull Music Montréal, le temps est enfin venu pour nous de clore ce chapitre de sa carrière en revenant sur notre appréciation de son album désormais mythique.
Rarement une introduction aura été aussi percutante que Your Biggest Fan. Cette jouissive démonstration de l’impertinence généralisée des discussions entre artistes et fans est un splendide résumé de l’approche authentique et désinvolte de Marie. Une moquerie qui a certainement libéré l’artiste d’une tonne de sentiments refoulés au fil des années et qui décroche un fou rire garanti à tous ceux et celles qui ont déjà vécu des moments malaisants en engageant la conversation lors d’un spectacle. Un esprit critique qui remémore sans contredit le classique Rave Mélancolie de son projet Sleazy et qui contribue assurément à forger l’aura intimidante de la musicienne.
S’en suit l’ultra-populaire pièce Work It qui a littéralement enflammé les pistes de danse de la planète entière durant la dernière année. Le constat est le même que sur son précédent album Adieux au dancefloor, avec Marie ce ne sont pas seulement les rythmiques qui sont exigeantes, mais aussi les paroles revendicatrices qui déferlent jusqu’à nous. Il est ardu d’accomplir plus d’une tâche à la fois en écoutant sa musique puisqu’elle est accaparante et requiert une dévotion optimale. Le sublime moment de répit que nous offre Day Dreaming est salutaire à ce qui nous attend au tournant. C’est à sa composition la plus extravagante et explosive en carrière qu’elle nous confronte par la suite. La déstabilisante The Tunnel nous démontre l’étendu de son génie et nous propose un allez simple vers la déchéance.
Encore sous le choc de ce qui vient de survenir, le dernier droit de l’album se met en branle dans une totale frénésie rythmique et nous guide ensuite vers l’un des moments les plus étonnants du disque. L’accessible So Right détonne par son aspect électro-pop plus léché et nous offre un chant plus serein et détendu. Ce sera d’ailleurs les dernières paroles prononcées avant la conclusion plus introspective qui nous rappelle que Marie excelle aussi lorsqu’elle ne nous fait pas danser. Cette finale empreinte d’une profonde nostalgie conclut avec finesse l’album le plus varié de sa jeune carrière.
La reine du dancefloor cède finalement sa couronne et nous avons très hâte de savoir qui sera la suivante à se hisser au sommet. Chose certaine, ce n’est certainement pas les candidates qui manquent à l’appel puisque la ville regorge de talent qui mérite d’avoir une aussi belle vitrine que celle que Marie Davidson a travaillé à se construire dans les dernières années.
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Paru le 5 octobre 2018 sur Ninja Tune.