[Scène locale] Lamasz – Successions
Le titre de ce nouvel album de Lamasz résume bien la raison pour laquelle la chronique lui étant dédiée a mis un temps fou avant d’être publiée. Cette succession d’intempéries et de contretemps résume bien l’époque dans laquelle nous vivons; souvent trop frénétique, mais parfois trop lente. Vous aurez compris, c’est un éternel défi d’y trouver son propre rythme. Une chose est toutefois certaine, cette pépite du musicien montréalais Pier-Luc Tremblay penche du côté de la lenteur et nous aide à approcher les éléments du quotidien avec un second regard. Il nous impose sa cadence en évitant toute forme de hâte, laissant les textures nous recentrer sur l’essentiel. D’ailleurs, il faut avouer que bien peu d’artistes d’ici utilisent l’échantillonnage sonore d’une manière aussi saisissante et consciencieuse que lui. Si sa musique peut sembler douce en apparence, elle regorge de caractère et de force une fois l’immersion entamée. Elle puise son énergie dans quelque chose d’important, on le ressent à chacun des détours qu’il choisit d’emprunter.
Il n’est pas étonnant de constater que l’inspiration initiale provienne du field recording d’une chute d’eau. Cet élément de la nature à la fois si puissant et paisible représente le terrain de jeu idéal pour un musicien qui adore travailler les loops. Cette première pièce intitulée Là où les chutes mèneront lance le bal de la plus limpide des manières et donne le ton à un enchainement magnétisant de sonorités. Six «successions» nous accompagneront par la suite dans cette déroute. Chacune d’entre-elles étant évidement influencées par la composition précédente. Ce n’est pas un album, mais plutôt un tout que Lamasz nous offre avec cette troisième parution. Il est difficile, voire impossible, d’arrêter notre quête sonore à mi-chemin. Comme s’il fallait attendre la dernière note avant de pouvoir continuer notre journée, ou notre soirée, car définitivement c’est un disque qui nous accompagne mieux la nuit que le jour. On sent Pier-Luc apaisé dans sa démarche, de plus en plus confiant et cela est annonciateur de grandes choses pour cet artiste à la sensibilité irrégulière. Une écoute obligatoire si vous avez envie d’une pause de ce capharnaüm ambiant.
→ À écouter si vous aimez: Anne Sulikowski, Benoit Pioulard & r beny
→ Morceau favori: Quatrième
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 26 mars 2021 sur giraffe tapes.