[Scène locale] Unlog – EMinQC Vol. 3 (Compilation)
Il y a exactement un mois paraissait la troisième compilation EMinQC orchestrée par le label montréalais Unlog. Ayant vu le jour à l’occasion de la fête nationale du Québec, cet alliage de projets locaux est rapidement devenu la trame sonore par excellence de ce début d’été chaotique. Entre les canicules, la pandémie et la multitude de crises sociales qui font rage actuellement, il ne nous reste presque uniquement la musique (et l’art en général) pour trouver un peu de réconfort dans ce bordel. Ce genre d’album minutieusement assemblé tombe à point pour nous faire découvrir, ou redécouvrir, des artistes bourré·e·s de talent qui sauront autant nous faire danser que cogiter.
Cette judicieuse sélection de onze titres s’entame de la plus belle manière qui soit avec PLUG’N’PRAY et son frénétique Pulse Check. Cet impressionnant voyage ultra-percussif aux reliefs tribaux nous prend par la main et nous entraine dans une valse fort agréable de plus de six minutes. Qui de mieux placé que le valeureux V.ictor pour renchérir sur cette superbe introduction. Le Montréalais est fidèle à son habitude et nous enlace de ses rythmiques sournoises. Même s’il semble plus sage et posé que sur son précédent matériel, sa composition est tout aussi délectable. Bipolar Cell perpétue l’aventure dans une trame narrative plus ésotérique avec un morceau aux beats mystérieux, mais totalement absorbants. Cette découverte est assurément l’une des plus agréables de la compilation! Vient ensuite le tour de Sleeprunner que vous connaissez peut-être pour sa participation dans l’excellent collectif Expansўs. Some Other Place est complexe et nous encercle avec ses bruits et percussions circulaires. Une chanson qui s’inscrit merveilleusement bien dans la hiérarchie du disque et qui provoque une hypnose immédiate. Autre découverte surprenante, le projet TSF qui change drastiquement l’atmosphère en ramenant le tout vers quelque chose de plus mélodique et vaporeux. Malgré sa courte durée, nous en ressortons entièrement comblé·e·s!
La seconde moitié de EMinQC Vol. 3 nous donne l’opportunité de réentendre Record Dating dont nous avions adoré le EP Promenade il y a deux ans et qui s’était mérité une chronique sur le site. Le musicien est de retour avec sa signature très apaisante et sa légèreté habituelle. Impossible de ne pas fermer les yeux et de s’y perdre aisément. Vient ensuite Réservoir qui détonne avec son approche très différente alliant des sons de la nature et à des percussions incisives. Une dérivation très originale qui change le ton de l’album et qui nous amène avec brio vers l’éclatante 05m06 de Pizza Kitten. Véritable «feel good song» de la compilation, cette succulente composition est un peu plus housy et percutante que les autres. Impossible de rester de glace face à cette efficacité hors-norme, préparez vos meilleurs pas de danse!
Le dernier tiers nous présente un solide bloc que notre bon ami viñu-vinu débute avec justesse. Sa pièce démontre une grande maîtrise et surtout une patience exemplaire. Les rythmes s’installent sans hâte et nous font hocher de la tête doucement jusqu’à ce que le reste du corps s’en mêle aussi à mi-chemin. Voici une facette de sa musique que nous n’avions pas encore vue jusqu’à présent. DAZE KNIGHT revient immédiatement à la charge, celui que nous avons pu voir dans nos coups de coeur de la semaine dernière, ainsi que sur la splendide compilation Future Sex, est toujours aussi tranchant. Son petit bijou SKYWAVE est élévateur et nous donne envie de danser dans les nuages. La conclusion proposant l’union de Digital City et Mole Machine est judicieusement choisie pour terminer le bal. Cette longue balade électronique se transforme en bombe à retardement grâce à ses basses bien graisseuses et ses synthétiseurs affutés. Une excellente manière de finir le tout dans l’euphorie la plus totale!
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Paru le 24 juin 2020 sur Unlog.