[Entrevue] Boar God
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C’est l’année dernière que Boar God a commencé à faire vibrer nos enceintes avec le colossal Forma, le premier album de la jeune formation. Au départ mené uniquement par le guitariste et chanteur actuel, Eric Bent, le projet est rapidement devenu un trio avec l’ajout de Sabrina Côté-Poitras et de René-Olivier Duchesne qui s’occupent respectivement de la basse et de la batterie. Il y a de ça quelques jours, le groupe nous a présenté sa première parution créée par les trois membres, le puissant EP Near Extinction, une nouvelle référence dans les domaines du post-punk et du noise rock lourd et engageant.
Ce plus récent ouvrage renchéri sur le fait que Boar God est l’un des bands les plus imposant et efficace de la métropole. Les quatre morceaux qui composent Near Extinction nous dévoilent toute l’étendue du talent et des possibles pour la formation montréalaise. Que ce soit les riffs de guitare énergiques, le chant envoûtant d’Eric, les intenses percussions de René-Olivier ou la ligne de basse pesante de Sabrina, tous les éléments montrent un travail extrêmement abouti. Bien que Boar God n’en est seulement qu’à sa troisième parution, leur avenir est fort prometteur et sera à suivre de près.
Dans le cadre de cette sortie, nous avons tenu à nous entretenir avec deux des membres du groupe pour en apprendre davantage sur leur histoire, leur démarche et pour savoir ce que le futur leur réserve. Voyez ce qu’Eric et Sabrina avait à nous dire. Bonne lecture!
Je suis curieux de savoir comment est survenue votre rencontre et de connaître les motivations qui vous ont poussé·e·s à travailler ensemble? Et aussi, quelle est l’origine du nom Boar God?
Eric: J’ai commencé Boar God comme un «projet de chambre» vers 2016, et j’ai rencontré Sabrina environ un an plus tard après avoir mis une annonce sur Kijiji pour trouver des membres pour que Boar Goad devienne un « vrai » groupe (notre drummer actuel, René-Olivier, a joint le band de la même manière un peu plus tard). Le nom Boar God est une référence au film Princesse Mononoké et j’ai cru que c’était adéquat pour un projet puissant et noisy (quelque chose «d’écrasant»), mais ça porte aussi un sens dû à l’aspect surnaturel qui va avec nos sonorités plus ambiantes et rêveuses. Également, j’aime beaucoup l’imagerie liée aux animaux.
Sabrina: Nous nous sommes rencontrés en personne, Eric et moi, il y a quatre ans via Kijiji. Lorsque j’ai écouté ses démos qui étaient majoritairement enregistrées par lui-même (guitare, drum et basse) au local, j’ai tout de suite été impressionnée par ses idées. Les bruits ambiants mystérieux de la guitare, le rythme pesant du drum et de la basse m’intriguaient énormément.
© Photo: Brooke Rutner
Votre nouveau EP Near Extinction a vu le jour le 4 août dernier, il s’agit de votre première parution depuis l’excellent Forma en 2019. Quelle est l’histoire qui se cache derrière ce disque que je trouve à la fois plus lourd et intense que son prédécesseur?
E: Toutes les chansons de notre premier album ont été écrites à peu près juste par moi (même les parties de basse et de batterie), donc le but de l’EP était d’écrire des chansons comme un effort de groupe, où tout le monde pourrait avoir son mot à dire dans l’écriture et l’arrangement. Nous aurions fait un autre album entier, mais la vie nous a tous gênés à différents moments l’an dernier (travail, concerts, etc.), donc notre productivité a été un peu ralentie.
S: Nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler sur le premier album. Il y a eu beaucoup d’explorations d’effets sonores pour la basse et d’improvisations entre les chansons. La plupart des chansons étaient déjà pensées par Eric, de là, moi et René les avons adoptées et façonnées à notre confort et à notre style.
Pour l’EP, le processus d’écriture était vraiment différent. Eric nous arrivait avec une idée de bruit ambiant et de rythme de guitare et nous devions construire autour de ça. Nous avons laissé beaucoup plus de place au drum. Les «times signatures» sont beaucoup valorisés dans ce EP. René nous partageait beaucoup sa vision du drum et c’était très intéressant! En plus, Eric a produit la musique avec deux guitares accordées très différentes et pour la basse j’y suis allée avec une touche beaucoup plus fuzzy et d’overdrive! Depuis le premier album, je pourrais dire que nous nous sommes un peu plus découverts entre nous et nous avons pu relever le meilleur de nos idées.
Il s’agit de votre deuxième parution sur l’étiquette montréalaise Cuchabata Records, comment a démarré cette collaboration et vous voyez-vous continuer de travailler avec David dans le futur?
E: Je suis entré en contact avec David par un de nos amis communs; je lui ai juste envoyé la musique que nous avions à l’époque et il était super intéressé à nous aider à la sortir! J’avais déjà quelques amis dans la scène qui travaillaient avec lui ou qui avaient laissé paraître des trucs sur Cuchabata, donc je savais que c’était bien d’en faire partie. C’est génial et vraiment amusant de voir nos compositions sortir, de s’impliquer davantage dans cette scène et de jouer au Cuchfest en décembre dernier (et, espérons-le, y rejouer).
Bien sûr, nous avons pensé à entrer en contact avec d’autres labels plus «connus» à un moment donné dans le futur. Nous croyons que nous sommes assez bons et prêts à franchir la prochaine étape effrayante.
Votre musique allie différents styles, passant par le drone, le post-punk, le noise rock, le tout avec une bonne dose de psychédélisme. J’aimerais connaître les influences derrière l’univers de Boar God, qu’elles soient musicales ou non?
E: Il y en a beaucoup haha. Certaines influences musicales majeures sont feedtime, Band Of Susans, Bailterspace, Sonic Youth (duh), Hüsker Dü (DUH), Loop… Je pourrais continuer longtemps, mais ma première inspiration pour écrire des chansons fut Killing Joke. Une autre grande influence pour moi, en dehors de la musique, est le paysage canadien; le simple fait d’être dans la nature me donne des idées d’ambiances et de sons. Lire sur des sujets tels que l’histoire, la mythologie, le folklore et la psychologie a une grande influence sur mes paroles et mon écriture.
© Photo: Brooke Rutner
Vous avez participé aux Live Sessions des Studios de Rouen au courant du mois de juin. Comment avez-vous apprécié l’expérience et prévoyez-vous faire quelque chose de similaire pour le lancement de Near Extinction?
E: Ça a botté des culs! C’était vraiment bien de jouer à nouveau en live (notre dernier concert était à la fin février) et c’était la première fois que nous nous réunissions pour jouer depuis le début de la pandémie. Je me sentais un peu rouillé au début, c’était comme de remettre des bottes d’hiver après un long moment. Ce serait très cool de lancer le EP de cette manière, mais il faudrait que ce soit très bien organisé et j’apprécierais beaucoup jouer avec d’autres groupes que nous aimons.
S: Pierre (Pite) Gaillard aime sinon ADORE notre groupe! Il m’a demandé si le band pouvait y participer. J’étais vraiment excitée de l’annoncer aux gars. Nous avons eu un temps mort après l’enregistrement du EP (janvier) en plus de la situation de la COVID et nous ne nous étions presque pas vues avant le show. On était vraiment trop content d’être de retour à jouer ensemble et d’être aussi le premier band des Live Sessions des Studios de Rouen.
Que réserve votre futur dans ce nouveau monde pandémique? Avez-vous des projets en cours, que ce soit avec Boar God ou non?
E: Nous sommes encore en train de regarder ça, haha. Nous voulons certainement utiliser ce temps pour écrire du nouveau matériel et promouvoir le EP au maximum. Même s’il est vraiment nul de ne pas pouvoir faire de concerts pour un long moment, nous sommes très excités de voir ce que l’avenir nous réserve une fois que tout redeviendra à une semblant de normal. Boar God est mon seul vrai projet musical, et pour être honnête, je ne ressens pas le besoin de jouer dans un autre groupe, car c’est le seul genre de musique que j’ai jamais vraiment voulu jouer. Les autres projets que j’ai sont plus dans le domaine des arts visuels et du cinéma.
S: Avec le résultat du EP, nous voulions rester dans le même esprit d’écriture. Nous avons trouvé une bonne direction avec Boar God! Nous continuons à travailler sur de nouvelles chansons pour Boar God. Sinon, mes projets personnels dans la postproduction prennent un peu plus d’ampleur!
Merci pour votre temps!
© Photo: Brooke Rutner