[Scène française] Baba Roga – Radio Baba
Avis aux amateurs et aux amatrices de voyages interstellaires et de décollages fantasmagoriques, Baba Roga se porte volontaire pour vous servir l’une des odyssées électroniques les plus colorées et enlevantes de l’année. Jovan Veljkovic, que nous avons découvert en 2019 au sein du groupe PAUWELS avec leur abrasif album Poena Cullei et par la suite avec Kamen, le tout premier épisode de son projet solo, nous présente sa deuxième offrande sous ce pseudonyme. Le musicien basé en France récidive avec la sortie de Radio Baba, un opus aussi extravagant que soutenu, raffinant ainsi l’univers innovateur qui lui est propre.
Malgré la fusion des nombreuses inspirations qu’il nous est possible d’entendre, cette nouvelle parution se démarque par une impressionnante fluidité et des harmonies singulièrement efficaces. L’amalgame d’une grande quantité d’influences et de styles est souvent synonyme d’un manque de cohésion et d’une perte de sens, mais il en est tout autre sur le présent album qui ne représente pas moins qu’un éclair de génie.
S’entourant de plusieurs artistes qu’il affectionne pour la création de Radio Baba, le producteur se dote de munitions supplémentaires afin d’élargir son champ de possibilités. L’apport de ces collaborateurs et collaboratrices s’entend par l’ajout du chant sur de multiples titres, agrémentant l’œuvre déjà bien chargée de Baba Roga et apportant un aspect fortement agréable. Cette participation au niveau vocal nous offre de délicieux moments comme sur Don’t fight, you’re locked up alors que Mathilde Edith complète la mélodie à merveille grâce à sa voix douce et vaporeuse.
Chacune des compositions propose une construction détaillée, montrant un travail consciencieux dans l’élaboration des nombreuses couches sonores. Les rythmiques se veulent invitantes et sont souvent accompagnées d’une intéressante dissonance, exprimant un côté plus expérimental et psychédélique. Electrified pig (feat. Zad Kokar) et Prijateljski zagrljaj (feat. Ulysses) illustrent bien cet aspect un peu plus bruitiste qui s’approche des univers de Container et de Nick Klein, avec quelques BMP en moins.
Peu importe la pièce ou le style, Jovan réussit à nous faire bouger et à nous embarquer dans son exploration. La musique de Baba Roga fait part d’une authenticité brute et sincère qui la rend vivante et tellement appréciable. Cette âme qui se retrouve dans les créations du producteur émane de la liberté remarquable et inspirante avec laquelle il édifie les bases de son projet. Un accomplissement de la sorte nécessite plusieurs écoutes afin de bien assimiler tous les détails qui ressortent à chaque reprise; les impressions évoluent, les émotions aussi, mais le résultat demeure toujours sensationnel. Chapeau!
→ À écouter si vous aimez : A Place To Bury Strangers, accou, Bernardino Femminielli & Red Axes
→ Morceau favori : Yucatan (feat. Robin Locksley)
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Paru le 30 octobre 2020.
© Photo: Matthieu Grotwohl