[Scène française] 8rix – metro part 1 & 2
La virtuosité est souvent la figure de proue lorsqu’il est question de musique, mais dans mon cas c’est plutôt la simplicité jumelée à des idées qui sortent de l’ordinaire qui a toujours occupé une facette importante de mes appréciations musicales, bien au-delà de l’excellence d’exécution. Le double album conceptuel que nous présente 8rix en est l’exemple de prédilection. Ce mystérieux musicien désirant conserver l’anonymat a pris un malin plaisir à arpenter les différentes lignes du métro parisien pour concevoir deux tomes à l’aide d’une simple application sur son téléphone. Cela pourrait sembler anodin aux premiers abords, mais le résultat est tout ce qu’il y a de plus attendrissant, en plus d’être entrainant à souhait. Le numéro associé à chacun des morceaux représente la ligne sur laquelle il a été composé, nous faisant par le fait même prendre conscience de l’ampleur des souterrains de la capitale française en comparaison à notre modeste métro montréalais.
Une opération d’aussi grande envergure ne serait évidemment pas un succès sans y faire de l’échantillonnage sonore, ce que l’artiste parvient d’ailleurs à intégrer avec un brio absolu à ses créations déjà bien senties et bondissantes. Sans surprise, vous pourrez y entendre bon nombre d’annonceurs nous informant des stations à venir et des différentes directions que les wagons empruntent, sans compter les mille et un bruits de la jungle humaine et mécanique que constitue le transport en commun dans une ville de cette dimension. Là où le musicien excelle particulièrement est dans le dosage de ses éléments sonores, qui pourraient rapidement apparaître en surnombre. Heureusement, c’est bien loin d’être le cas tout au long des deux volumes. Même si les structures correspondent majoritairement à celles du style chiptune, cela n’empêche pas 8rix de nous transporter dans un vaste éventail d’influences, se lançant même au chant sur paris-plage en compagnie de son amie Anaïs Bon (alias la Centauresse) qui l’accompagne majestueusement avec sa douce voix.
Une fois la première partie derrière nous, c’est onze autres savantes concoctions qui nous attendent sur le deuxième volet. Si metro 8, 9 et 10 nous mettent le sourire aux lèvres, c’est translator qui met le feu aux poudres avec sa structure flexible et pétillante. Metro 11 suivra dans cette tangente plus dansante et énergisante, le côté enfantin saura assurément faire chavirer votre journée vers le positif si ce n’était pas déjà le cas. C’est d’ailleurs ce que l’on retient le plus de notre première écoute, l’aspect très jovial et enjoué de cette musique qui est à la fois anodine et complexe. Avec l’aide de la très vaporeuse et presque ambiante missed my trains, cette séquence relevée de morceaux nous mène jusqu’à la grande conclusion de ce long et déroutant périple auditif. C’est avec un audacieux et inattendu remix d’un titre de Daniel Quasar que l’aventure se termine tout en allégresse. La voix hypnotique de l’artiste américain se fond merveilleusement bien avec les délires électroniques du parisien. Une version étendue est même disponible alors que son amie R41ÑB0W TR4$H s’est amusée avec la chanson en y ajoutant des échantillonnages sonores de ses propres voyages en train en sol canadien. En prime, vous retrouverez une vidéo pour cette version au bas de l’article, question de prolonger l’expérience d’écoute pendant encore quelques stations!
Pour acheter les albums, c’est ICI.
Paru le 2 octobre 2020 et 22 décembre 2020.
- Prendre note que tous les profits amassés par la vente des ses albums iront à l’Orphelinat de la RATP.