[Recommandation] Nazih Borish – Roots of Strings
La venue d’Akram au sein de l’équipe de rédaction nous apportera certainement son lot de surprises et de découvertes fantastiques. N’ayant pas peur de nous suggérer des sujets de chronique qui n’auraient probablement pas trouvé leur chemin jusqu’à notre ligne éditoriale, c’est avec une curiosité absolue que nous avons dévoré l’album Roots of Strings du musicien syrien Nazih Borish qu’il nous a fortement recommandé. Cet extraordinaire joueur de oud – qui semble être né avec l’instrument au bout des doigts – est capable de nous faire parcourir mer et monde avec son doigté agile et son audace désormais mythique.
Sans nécessairement entrer dans le jargon de la musique expérimentale que nous couvrons généralement sur MEFD, Nazih sait juxtaposer ses diverses influences et démontre une ouverture d’esprit exemplaire qui nous assure un périple enivrant. Révélant des parfums de flamenco, de blues, de jazz et même de musique indienne et orientale, il nous éblouit toutefois avec ce petit quelque chose que nous n’avons jamais entendu ailleurs, c’est-à-dire sa propre signature. Il est le genre de musicien que nous pouvons reconnaître à des mille à la ronde, il possède un son chaud et perçant qu’il applique à ses compositions avec une justesse désarmante. Son style de jeu est rassembleur, il nous unit dans le voyage et l’exploration des sens, on le sent bourré de souvenirs et d’histoires qu’il raconte sans utiliser de mots. L’approche instrumentale convient parfaitement au oud, c’est un objet qui chante et résonne déjà amplement à sa manière.
Borish est un artiste qui semble très proche de ses émotions, qui nous pousse à ressentir le moment présent et à le partager avec lui. Sa musique est accaparante de la plus positive des manières, elle nous absorbe volontairement ou non. C’est une douce traversée du désert où le sable est chaud et agréable sous nos pieds, la connexion avec la nature et les éléments est palpable. On s’y sent instantanément apaisé·e puisque ses compositions respectent la valeur du temps et nous force à chérir chaque seconde en sa compagnie. Ce que nous aurons d’ailleurs la chance de faire puisqu’il montera sur la scène de l’Église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End le 10 juin prochain pour le lancement de son album accompagné par les musiciens Joseph Khoury (percussions) et Roberto Occhipinti (contrebasse). Cet événement du Festival des musiciens du monde s’annonce magique et intemporel et nous permettra de nous réconcilier avec les concerts en salle après des mois de restrictions. C’est également une merveilleuse manière de découvrir la musique arabe et la culture syrienne au travers d’un artiste qui sait respecter les traditions et les remanier d’une façon très attachante et humaine. Vous aurez aussi droit à la performance Et si on se parlait d’Adama Daou en ouverture de soirée qui nous offrira un dialogue entre instruments issus de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de l’Europe. Bref, mille et unes bonnes raisons de vous intéresser à cet artiste fantastique et à venir le voir sur scène la semaine prochaine!