[Scène locale] K-10 – Speed
Malgré son nom qui indique le contraire, la musique de K-10 est loin d’être de mauvais goût. En réalité, c’est totalement l’inverse! Le duo énigmatique profère ses incantations à la sauce franco-EBM avec une admirable dose d’aplomb et de dynamisme. Disons qu’avec un titre comme Speed, il ne faut surtout pas s’étonner d’être pris au jeu de la danse anarchique. Si les paroles se chargent de défricher le terrain, ce sont les synthés fumants qui s’en prennent instantanément à notre bassin, l’obligeant à valser dans de multiples directions. Une fois délivré du Sous-Sol enfumé, notre corps atteint la température idéale pour affronter la suite de ce déferlement synthpunk qui s’annonce loin d’être déplaisant. Si vous aviez anticipé une diminution de la cadence, vous n’avez probablement pas saisi l’essence du projet puisque Christallina Guérilla ne perd pas de temps pour vous faire perdre pied. Il suffit de choisir quel élément vous fera abandonner vos repères entre l’extravagante poésie et les rythmes effrénés, ou encore mieux les deux en simultané. Chose certaine, vous aurez besoin de plusieurs écoutes pour comprendre pourquoi elle boit son mimosa à l’opéra ou sa sangria sur l’Himalaya!
La suite ne dérougit pas, elle nous enfouit plutôt dans un vortex jubilatoire où les styles se juxtaposent et où les sens sont troublés. Il faudra l’apparition d’un sitar sur Scorpion Tricheur pour avoir un léger répit. Cette fusion d’instruments pourrait vous sembler inhabituelle ou inusitée, mais le gâteau lève et le glaçage est bien crémeux. Pour citer le chanteur Olivier, disons que c’est «Watatatow»! Tout comme c’était le cas pour Véromodark, les pièces Blond Boys et Teflon démontrent tout le talent de K-10 en mode instrumental (ou presque). Le tempo s’accentue et la température grimpe aussitôt, c’est un déluge de sueur, de sang, mais surtout d’amour. La finale éponyme renchérie avec une dose plus prononcée d’excentricité et de désinvolture. Au gré des cassures rythmiques et des sursauts stylistiques, on s’y perd avec étonnement et on en redemande. Nous pouvons facilement conclure que ce premier album du duo montréalais les inscrit dans une liste d’artistes à suivre avec grand intérêt!
→ À écouter si vous aimez : Boy Harsher, Douleur Fantôme, Police des Mœurs, Silent EM & Tourment.
→ Morceau favori : Scorpion Tricheur
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Paru le 26 février 2021.
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