[Recommandation] Boy Harsher – Country Girl
Comment est-il possible que le nom de Boy Harsher ne se soit pas frayé un chemin jusqu’à mes oreilles avant la parution de Country Girl en octobre dernier? J’ai encore du mal à y croire. Heureusement, la situation est maintenant corrigée et je suis très motivé à vous faire découvrir ce flamboyant duo si, par un malencontreux hasard, vous étiez dans le néant tout comme moi.
Quinze secondes m’ont suffi pour comprendre que le morceau d’introduction provenait directement des cieux, un message divin sous forme de décibels. La voix désenchantée, mais ô combien accrocheuse, de Jae Matthews coule comme du miel sur les structures électroniques de son acolyte Augustus Muller. Cette symbiose redéfinit complètement les standards de qualité avec lesquels nous sommes familiers. Leur musique dégage une glauque effluve de sensualité, la tension émotive est à son paroxysme. La pureté de l’enregistrement de la voix y joue un rôle majeur grâce à la présence de nombreux soupirs et à la clarté des mots qui se perd dans une fluidité vocale volontairement imparfaite.
L’émanante nostalgie qui s’échappe des premiers instants de la pièce titre m’a fait instantanément chavirée; c’est un actuel voyage au milieu des années 1980. Une bonne vieille rythmique qui s’infiltre en nous de manière vicieuse et sournoise, tout cela saupoudrée de lamentations de guitare aussi subtiles que délectables. Cette déformation du passé s’éloigne heureusement de tous les clichés dans lesquels il est facile de sombrer lorsque l’étiquette rétro est attribuée à des artistes du moment. Étant un inconditionnel fanatique de Ministry, c’est un peu comme si j’avais trouvé les héritier·ère·s de l’époque synth pop du groupe lorsque j’écoute Underwater et Westerners. J’admets toutefois que la finesse de Boy Harsher me donne davantage envie de m’orienter vers le futur plutôt que de ressortir mes vieux albums poussiéreux comme Twitch ou With Sympathy. Il existe néanmoins une similarité évidente dans leur faculté à faire danser l’auditoire de manière inhabituelle. L’ingéniosité qui se dissimule derrière les rythmiques est à couper le souffle puisque dans les deux cas, il est inconcevable de ne pas mettre quelques unes des compositions en mode répétition. Au diable certains morceaux, j’avoue avoir fréquemment du mal à ne pas écouter Motion cinq fois de suite avant de passer au reste de l’album. Dans tous les cas, il s’agit d’un magnifique problème auquel faire face. J’espère que Country Girl frappera également une corde sensible dans votre âme mélomaniaque. Rendez-vous le 31 décembre à la Sala Rossa pour vivre l’expérience en personne!
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 13 octobre 2017 sur Ascetic House.
- Révision du texte par Geneviève.