[Recommandation] JPLD – Esana
Je perçois avant tout la musique comme un art de partage, ce qui se matérialise entre l’artiste et l’auditeur·trice peut parfois être d’une puissance impressionnante. Cette force invisible possède la fascinante capacité de tisser des liens étroits entre des gens qui ne se sont pourtant jamais rencontrés. C’est exactement ce qui s’est produit le mois dernier après avoir reçu un message du jeune musicien parisien Joseph Dubrule.
Dès la première écoute de son plus récent album intitulé Esana, j’ai ressenti un sentiment de bien-être immédiat. C’était exactement ce que j’avais envie d’entendre à ce moment précis, une savoureuse musique ambiante distinguée et équilibrée qui occupe habilement l’espace. Ce que JPLD offre est sans prétention, ce n’est rien de trop profond ou de trop engageant, ses compositions sont l’authentique et émotif reflet de ses plus récents voyages en Asie. Même si ses influences n’ont rien en commun avec les froids hivers québécois, j’admets que j’apprécie grandement ce EP lors des récurrentes nuits enneigées de Montréal. C’est le genre d’album qui se savoure de manière optimale avec un bon casque d’écoute et une imagination fertile qui laissera l’environnement se métamorphoser au gré des sonorités qui émergent doucement jusqu’à nos tympans. La fusion qui survient entre la réalité qui nous entoure et cette musique de grande qualité a quelque chose de méditatif, voire curatif. C’est le genre d’expérience que bien peu d’artistes arrivent à engendrer chez moi, je suis ravi que cela se matérialise avec un musicien dont j’ignorais l’existence il y a à peine un mois.
Les deux premiers morceaux vous berceront comme si vous étiez sur le pilote automatique. À partir de maintenant, c’est la musique qui dictera vos actions. Il est difficile de résister à la tentation de fermer les yeux tellement c’est envoûtant. La première véritable surprise se manifeste sur Duhkha, où une rythmique plus soutenue apparaît spontanément pour enrichir la trame de fond. Cette composition collaborative avec son compatriote japonais O-Ma se positionne comme la colonne vertébrale d’Esana, il s’agit d’un bijou pour les amateur·trice·s d’électro minimale. Un EP de ce calibre méritait évidement une finale grandiose et c’est sans surprise que JPLD ferme le bal avec le morceau le plus personnel et chargé en émotions. Ātman me fait frissonner à chaque occasion, la délicatesse des notes jouées éveille en moi une profonde nostalgie. Je ne pourrais pas être plus heureux que ce formidable artiste et sa très prometteuse étiquette Ōtium aient croisé mon chemin, il faudra suivre de très près ce que l’avenir lui réserve. Son univers riche en saveurs risque de prendre beaucoup d’ampleur au courant des prochaines années si la qualité des parutions est dans la même veine que celle-ci. Ne manquez surtout pas le bateau, c’est trop beau pour être ignoré.
- Révision du texte par Geneviève Larouche.