[Festival] MUTEK (2019) – Jour 1
Les festivités sont officiellement lancées pour cette vingtième édition de MUTEK Montréal. Après un cocktail d’ouverture où l’effervescence était plus palpable qu’à l’habitude, il fallait maintenant faire place à la musique. Entamer le festival un mardi nous semblait ambitieux, mais c’est d’un revers de la main que cette pensée fut balayée de nos esprits. Les salles étaient bondées, la musique était à point et l’ambiance merveilleuse. Il était difficile de demander mieux pour lancer le bal, voici donc notre compte-rendu de cette première journée décontractée et parsemée de surprises.
© Photo: Myriam Ménard – Pyramide PY1
Monolake @ Pyramide PY1
Ça y est! Une performance audiovisuelle, là où l’image et le son se répondent même si leur vitesse diffère, là où les festivaliers se devaient d’entamer la 20e édition montréalaise de MUTEK. Ce type de performance est la pierre angulaire du festival depuis sa création, peut-être sa raison d’être. Et qui de mieux que Robert Henke pour marquer le pont entre le passé et le présent? Icône de la musique électronique, aux multiples passages au festival, il offrait en ouverture une création originale sous Monolake, accompagné par l’artiste Diagraf pour éblouir les festivalier·ère·s.
Dans le PY1, les visuels prennent de la hauteur sur les quatre faces de la pyramide dans un noir et blanc hypnotique. La verticalité des projections et des faisceaux lumineux contorsionnait les nuques, la musique entêtante de Monolake les secouaient. Certain·e·s s’allongent, d’autres dansent, la performance prend le parti de ne pas trancher entre l’envie de bouger et la fascination stoïque du regard pris dans cette immersion sensorielle. Le festival est lancé, et il met la barre haute!
© Photo: Myriam Ménard – Monolake & Diagraf
Nocturne 1 @ Agora Hydro-Québec du Coeur des Sciences de l’UQAM
Première soirée et déjà un conflit d’horaire nous force à rater la performance du duo montréalais Tamayugé que nous aurions adoré voir enfin sur scène, mais Monolake en avait décidé autrement. Malheureusement, nous devrons nous reprendre pour voir cet éclatant projet composé de Maya Kuroki et Tamara Filyavich.
Malgré le long trajet menant de la Pyramide PY1 à l’Agora Hydro-Québec, nous avons tout de même pu apprécier les quinze dernières minutes du duo letton Domenique Dumont qui déballait un électro-pop détonnant de la programmation habituelle. Le sublime chant de la musicienne Anete Stuce survolait les fines mélodies de guitare de son comparse Artūrs Liepinš. C’était doux, bien ficelé et la foule semblait être sous l’emprise de leur musique légère qui tendait vers le rêve. Nous avions la trame sonore idéale d’une chaude nuit d’été à déambuler en pleine ville. Il s’agissait d’une parfaite entame à cette soirée plutôt accessible, mais toutefois audacieuse et empreinte d’une énergie très positive.
© Photo: Vivien Gaumand – Domenique Dumont
La suite logique à ce synth pop rêveur était le toujours excellent projet local Organ Mood. Installé sur le parterre, derrière sa panoplie de synthétiseurs et de contrôleurs, le musicien Christophe Lamarche-Ledoux était débordant d’énergie. Habitué d’écouter ses productions ambiantes grâce à sa participation au sein de feu doux, je dois avouer que de le voir nous livrer ses rythmiques lancinantes avait quelque chose de très satisfaisant. Évidemment, l’expérience proposée ne serait pas complète sans l’apport des projectionnistes qui, comme à l’habitude, se démenaient par une multitude d’astuces plus originales les unes que les autres pour nous fournir des images envoûtantes.
Malgré quelques problèmes techniques en début de concert et des transitions hasardeuses qui ont miné légèrement le rythme de la performance, Organ Mood a réussi à tirer son épingle du jeu et à faire bouger une foule chaleureuse en cette première journée de festival. La présence d’un spectateur ayant été invité à jouer d’un instrument fabriqué de toute pièce fut sans doute le moment fort de cette savoureuse heure de musique électronique. Une finale plus dansante aura eu raison du public qui avait justement envie de se dénouer les jambes.
© Photo: Vivien Gaumand – Organ Mood
Certainement le projet le plus intrigant de cette soirée d’ouverture, le trio montréalais EXPANSYS avait la lourde tâche de conclure une première journée déjà bien relevée. Détonnant du reste avec son arsenal de synthés modulaires, les artistes sonores nous ont fait faire un vol plané en territoire dub/house minimaliste. Nous faisions face à de magnifiques progressions rythmiques flirtant sur la fine ligne entre l’excitation et la retenue. Le public s’amenuisait avec l’heure tardive, mais les spectateurs présents s’en donnaient à cœur joie. Il était facile de s’y perdre et de danser sur les mélodies très variées, mais cohérentes, du collectif.
Agrémenté de sublimes projections en arrière-plan, le décollage était inévitable. Une superbe découverte qui nous poussera assurément à revisiter EXPANSYS après la folle semaine qui nous attend. C’était une excellente décision de donner le rôle de clôture à ce délicieux projet qui mérite assurément votre attention. Disons que cette superbe prestation ravive encore plus notre excitation en prévision du passage de TM404 vendredi soir!
© Photo: Vivien Gaumand – EXPANSYS
À voir lors du Jour 2:
- Nicolas Cruz | Performance surprise et gratuite pour enflammer la scène extérieure, ça va groover!
- Ash Koosha | Un délire dans le monde virtuel nous attend, ce sera un défi pour les neurones.
- Tim Hecker & Konoyo Ensemble | Pour une expérience au plus proche de l’essence pure du son, entre expérimentations et minimalisme.
- Texte réalisé en collaboration avec Rémy.