[Recommandation] Scorn – Café Mor
Bien que le légendaire Mick Harris soit une sommité dans son domaine, son projet Scorn est l’un des secrets les mieux gardés de la musique électronique. Actif depuis le début des années 90 avec cette mouture, il fut l’un des premiers à fusionner des influences plus bruyantes avec des structures s’approchant du dub. Cette signature toute particulière lui a permis de produire près d’une quinzaine d’albums et d’acquérir le respect des mélomanes les plus pointilleux. Il était donc de notre devoir de prendre quelques minutes pour s’attarder à sa récente offrande intitulée Café Mor.
Passé maitre dans l’art des répétitions insidieuses, le Britannique ne déroge certainement pas de la formule habituelle sur cette dernière. Les ondes circulaires qui nous percutent sont les fondements d’une tension palpable et grandissante. Les huit compositions pourraient aisément faire office de trame sonore pour un prédateur qui épie patiemment sa proie à partir de la broussaille. Ce rituel se poursuit jusqu’à ce que nous baissions notre garde, car l’auditoire joue sans contredit le rôle de la victime dans cette mise en situation.
Il ne faut toutefois pas chercher de coups d’éclat à l’intérieur de ce que nous offre Scorn. La structure de chacun des morceaux est beaucoup plus linéaire que progressive, créant plutôt des ambiances distinctives que d’impressionnants crescendos. La seule réelle surprise survient lorsque Jason Williamson de Sleaford Mods appose sa voix sur Talk Whiff. Cette étonnante collaboration a de quoi nous replonger dans une version minimaliste de ce que The Bug s’amuse à faire lorsqu’il a des invités au chant. Il s’agit d’un album dans lequel nous prendrons plaisir à nous égarer seulement si nous ne cherchons pas trop à l’apprécier. En outre, montez le volume afin de bien ressentir les basses fréquences, allongez-vous confortablement et laissez Scorn faire le boulot.
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Paru le 15 novembre 2019 sur Ohm Resistance.
- Révision du texte par Geneviève.