[Scène locale] R41ÑB0W TR4$H – Les filles du chalet
Le fascinant parcours de R41ÑB0W TR4$H nous intrigue depuis déjà un long moment. La parution de ce nouvel album inhabituel, autant par sa forme et que les sujets qui y sont traités, ne nous laissait aucun autre choix que d’en faire la recommandation sur le site. À l’image de la période que nous traversons actuellement, Les filles du chalet cultive l’inconfort et le malaise tout en proposant un exutoire idéal à ce bordel absolu. Alors, prenez une grande respiration et préparez-vous à vivre des émotions fortes en écoutant cette collection d’une douzaine de chansons éclectiquement angoissantes.
L’introduction déconcertante qui nous donne l’impression de discuter avec The Man from Another Place de la série Twin Peaks installe parfaitement l’ambiance pour la suite des choses. Les élans qui suivent nous replongent directement au travers de rythmiques inspirées des jeux vidéos de notre enfance saupoudrées de voix angéliques et de la poésie pandémique de Jade Bourdages. L’un des plus beaux moments du disque survient avec Breathing the 1up out of me et son chant de sirène diabolique qui rappelle la sublime fusion de voix que les Montréalaises de Moshi Moshi s’amusent à exécuter en spectacle. Cette beauté est toutefois rapidement relayée aux oubliettes par la très noisy Oscill8trix qui résume bien le tintamarre anxiogène que représente l’album. La première moitié se conclut avec les attaques 8-bit répétées de Harassment Lullaby for Shameless Ghosters qui est sans doute la composition la plus frontale de cette expérience déboussolante.
Le ton change légèrement avec plusieurs morceaux live issus d’une récente performance de Dominique à Infinite Lives. L’efficacité de cette séquence vous donnera l’opportunité de vous délier les jambes et de danser intensément sur du chiptune de haute voltige. Le côté expérimental de sa musique est écarté le temps de quelques pistes qui mettent littéralement le feu au plancher. La conclusion brutale se veut en quelque sorte la pièce de résistance de ce périple audacieux, le chant offensif nous prend aux tripes sur une trame de fond répétitive et écrasante. De quoi nous donner un dernier argument pour confirmer qu’il s’agit de l’un des albums les plus imposants issus de cette année rocambolesque. Même si vous écoutez Les filles du chalet des dizaines de fois, vous découvrirez toujours un nouvel élément qui vous clouera la mâchoire au sol.
→ À écouter si vous aimez : AJA, Léa Boudreau, Machine Girl, Pelada & RRayen
→ Morceau favori : The Sound of the Ambulance Carrying the Dying Chiptune
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 15 août 2020 sur Rainbow Trash Records.