[Scène locale] Youg – The Sense Of Thought
Avec The Sense Of Thought, Youg nous fait plonger dans son univers onirique et progressif. On y est rapidement immergé·e dès la première pièce, To The Light, qui alterne entre des synthés qui vagabondent seuls et nous donnent l’impression de planer, et des moments plus rythmés par des kicks et autres percussions qui donnent une impression de temps plus défini. Peut-être qu’on est hypnotisé·e par cette ligne de synthé perpétuelle, mais qu’on ne s’y méprenne pas: le mérite est bien musical, une bombe qui nous fait un peu penser à Boris Brejcha.
Into The Dark, le deuxième titre, porte bien son nom avec un début sombre et intriguant. On sent que quelque chose va se passer, la tension est palpable. Une musique de boss final dans un jeu vidéo. Le kick rentre progressivement en volume, le mix est parfait. Une ambiance un peu psychédélique, les instruments parfois en décalage, mais tout est assumé et réussi. Là aussi, on ne sent pas le temps qui passe parce qu’on vit pleinement la musique.
Center Of Mind est aussi puissant en lui-même, mais il passe à merveille dans l’EP. On sent qu’il englobe le tout, sans être phagocytant. Si les trois autres titres évoquent une tension, certes maitrisée, ce titre ressort comme un relâchement. Il est protecteur, rassure l’auditoire. C’est difficile de s’en détacher, car là aussi on est dans une attente, mais, au final, tout a lieu dans le présent.
Révélation, clôt l’EP, comme une lumière. Pas forcément une fin joyeuse mais, justement, révélatrice. La structure ici nous permet d’apprécier les différents moments, qui se juxtaposent parfois, tout en laissant la place à chacun de se dévoiler. La minute la plus importante de l’album semble survenir à 6:30: un anti-drop où on danse en réflexion. Si l’EP est l’univers en expansion, la terre est créée pendant ce moment-là.
Être dans les nuages vs. être dans le présent. Comme la respiration: en club, face au DJ, parfois on inspire et tout est brouillard, mais un voile brumeux qui nous recentre sur l’essentiel; et parfois on expire et on revient à la réalité où tout est en train de se dérouler. Le sens de la pensée, comme le titre de l’EP l’indique, qui renvoie aussi à la notion de temps: c’est incroyable comment les trente minutes d’écoute passent sans qu’on s’en rende compte. Un opus progressif ou rien ne semble superflu, où une symbiose se passe pendant l’écoute.
Il est essentiel de lire la description de l’EP par Youg lui-même. J’ai écrit la chronique avant de l’avoir fait, et, si je ne me suis pas trompé en évoquant la notion du temps, il semble que son approche renvoie au passé plutôt qu’au présent. Dans tous les cas, merci à l’artiste pour la musique!
→ À écouter si vous aimez : Aphex Twin, Apparat & Boris Brejcha
→ Morceau favori : Center Of Mind
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Paru le 7 mai 2021.
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