[Entrevue] Tamayugé
À la veille du lancement de la programmation musicale de la 37e édition du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville, nous avons posé quelques questions à l’éclatant duo Tamayugé. Alors qu’elles se produiront le samedi 22 mai à 17h30 au Carré 150 en compagnie de thisquietarmy x Away, le duo composé de Maya Kuroki et Tamara Filyavich nous livre quelques informations en lien avec leur approche musicale, leur histoire et sur ce que l’avenir réserver au projet. Une dernière occasion de les découvrir avant de les voir sur scène samedi prochain. Bonne lecture!
Tamayugé existe depuis maintenant plusieurs années, qu’est-ce qui vous a amené à en faire un projet important qui perdure dans le temps malgré vos implications dans une multitude d’autres groupes?
Maya: Premièrement, la raison pour laquelle on a commencé est très simple. On a juste voulu jouer ensemble un jour. On ne savait pas en 2017, que ça allait continuer ou encore pour combien de temps. Tamayugé est naturellement un projet drôle et divertissant pour moi, comme une sorte de farce et attrape, ça rattrape l’enfant en moi. Je n’ai pas besoin de forcer quoi que ce soit pour continuer à faire vivre le projet!
Tamara: Parce qu’il y a toujours des endroits créatifs que l’on peut explorer ensemble, très différemment de nos autres projets respectifs… dans la musique on ne sait jamais où ça s’en va, mais on finit toujours dans le monde «Tamayugé». Donc comme Maya l’a dit, nous n’avons pas besoin de faire quelque chose de spécial pour que le projet continue.
Quelle approche avez-vous prise pour enregistrer votre album Baba Yaga? Cherchiez-vous à documenter ce que vous faites en spectacles? Était-ce un processus différent de ce que vous faites habituellement?
M: Baba Yaga pour nous est une rencontre de thèmes et d’esthétiques. Déjà au départ, nos esthétiques étaient très similaires. Alors, enregistrer au préalable ou le faire en direct importait peu. Généralement, on n’a pas vraiment de notion d’accident, on se laisse aller tout simplement et ça crée un univers commun. Pour Baba Yaga, Tamara m’a envoyé les pistes qu’elle a faites puis j’ai ajouté ma voix et mixé. Parfois, on essaye de jouer quelques chansons de l’album lors de nos performances, mais ça peut sortir totalement différent de la version enregistrée!
T: Tout à fait! On travaille de manière très organique en général. Pour moi, ce n’est pas différent de mes autres projets, sauf peut-être quand je suis en solo. Baba Yaga est un autre monde où on se retrouve en suivant la musique. La composition vient par la suite et elle n’est pas dissociée de l’improvisation. On se documente souvent auparavant, mais le résultat finit toujours par changer ou évoluer… c’est la pièce qui nous dit comment elle veut être au final.
Vous avez fait partie d’une grande variété de groupes et de projets au fil des années, où se situe Tamayugé dans votre parcours musical dans le spectre de la musique composée versus improvisée?
M: Contrairement à un projet complètement composé, pour moi Tamayugé est un endroit pour pratiquer l’oublie de soi et de développer une confiance dans ce que le destin peut nous amener, plonger directement dedans pour y trouver la beauté.
T: Ouf… c’est ni l’un ni l’autre, mais en même temps les deux, si ça peut avoir du sens? Un truc qui est important pour moi et qui est très bien reflété dans Tamayugé, c’est qu’il s’agit d’un rituel auquel tout le monde est invité à participer si l’idée leur plait. De mon côté, c’est en continuité avec mes autres projets; improvisés, composés ou hybrides.
Comment abordez-vous les concerts que vous avez donnés dans des contextes plus rock comme ce fut parfois le cas à la Sala Rossa dans le cadre du Taverne Tour ou dans des bars comme l’Esco par exemple? Cela s’applique aussi à votre performance de ce week-end au FIMAV en compagnie de thisquietarmy x Away.
T: Est-ce que tu veux dire qu’on n’est pas un groupe rock…?
M: Eh, c’était du rock? Je pensais que c’était techno! Nous aimons tous les genres et nous n’avons pas vraiment de position par rapport au rock, country ou n’importe quel autre style! Dans n’importe quel endroit ou environnement, j’aimerai simplement sentir l’ambiance et être honnête et en harmonie avec le moment présent. Nous n’avons aucune préparation logique à faire au préalable.
T: Justement, le fait d’explorer les intersections et de brouiller les genres est ce que fait Tamayugé. Si on arrive à provoquer un questionnement en termes de catégories, c’est encore mieux! Ça nous catégorise comme post-punk je crois?
Quel mindset est-ce qu’un concert de Tamayugé vous demande comme artistes, considérant l’aspect ludique, voire absurde/extravagant, de la présentation du groupe (les sarraus, les boules de sourcils, etc.)?
M: Pour moi, c’est très naturel, je n’ai pas besoin de me mettre dans un état spécial pour ça. Les costumes rendent cet état plus facile à habiter.
T: Tamayugé c’est notre vraie personnalité qu’on n’a pas l’occasion de porter en société. Ce serait très difficile de séparer l’art de la vie. Pourquoi devrait-il y avoir une séparation entre l’art et l’absurde? Pour bien jouer, on se dit qu’on ne sait jamais qu’est-ce qui peut arriver et que c’est peut-être la dernière fois qu’on le fait!
À la suite de votre concert au FIMAV, est-ce vous envisagez d’enregistrer du nouveau matériel ou plutôt de tourner un peu après le repos forcé que la pandémie a engendré?
M: On va continuer à enregistrer c’est certain! On remercie d’ailleurs le FIMAV de nous avoir donné une raison de plus pour se remettre au travail et on a hâte de voir tous les autres projets jouer! La pandémie nous a volé la camaraderie des musicien·ne·s et du public!
T: Merci de nous accorder cet espace!
Merci de votre temps!