[Scène française] NCY Milky Band – Burn’IN
Burn’IN est tout ce qu’on attend d’un très bon album: on peut en sortir de beaux singles, mais l’expérience vient de l’écoute en entier. Magic Polo donne le ton: ça rentre fort, avec des percussions imprévisibles, comme pour s’introduire, puis autour de la deuxième minute: la magie: si vous êtes impressionné·e·s par les drops dans la musique électro, attendez d’entendre celui-là. Les percussions qui suivent semblent ne pas avoir changé, mais il y a ce sentiment qu’il y a un travail supplémentaire fait pour les rendre improvisées, aussi contre-intuitive que cette phrase peut sonner. Par-dessus, un sifflement, nonchalant d’humanité, apporte de la chaleur à une pièce très technique.
Un côté humain qui ressort dans Chercher la magie 1, où l’on entend les musiciens parler en studio. «Bon vas-y on le rec», perçoit-on. Le LP a des titres en français et d’autres en anglais. On dit qu’on change de personnalité quand on switch de langage. Qu’est-ce qu’on peut en sortir en analysant ça ici? L’Ombre d’un Homme est calme, cadencée, plus «jazzy»; Plus Profond commence aussi de façon douce, quasiment flegmatique. On dirait quelqu’un qui se réveille, mais qui prend ensuite son café et marche dans la rue avec la vie qui se dévoile. Mais il est toujours dans son monde. Chercher la Magie 2 est un interlude de piano, aussi apaisante. Mermoz est un nom propre, mais on peut considérer le titre en français. Chercher la Magie 3 est le final parfait pour le LP, mais a aussi sa propre outro parfaite pour le titre même. Des synthés nostalgiques, presque criants.
On peut faire une sous-analyse des trois Chercher la Magie: ces magiciens de la musique restent avant tout des humains, qui sont en questionnement, et qui sont nostalgiques. Ils se retrouvent à la fin dans la simplicité, mais le fade out final laisse entendre qu’il y a une suite.
Revenons à la musique. Les chansons titrées en anglais sont variées dans les influences: Burn’IN, le titre éponyme, est le plus joyeux parmi tous: une ambiance de jeux vidéos d’avant les années 2000; Love Alert, sans surprise, évoque une ambiance sensuelle; Politricks a du psychédélique et une teinte de punk-rebel. Gotham est un peu plus classique: jazzy, loundgy mais rapide. On peut chiller dessus ou danser. Young Fiasco a l’air plus improvisé, avec un dialogue entre le sax et le synthé. Là aussi, des cassures de rythme, un drop et une atmosphère mystique par moment qui se prêtent à du freestyle. La fin de la pièce est un mur de son de noise bien calculé qui s’arrête brusquement. Mermoz commence comme une pièce classique, du sax bien beau, par-dessus des percussions explosives; À la deuxième minute, les synthés entrent en décalé mais apportent une certaine linéarité. Enfin, Lynx Theme est une pièce qui monte en puissance, et finit avec un synthé qui sonne comme un cri, presque humain.
Un album à dévorer allègrement!
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Paru le 4 mai 2021 sur BMM Records.