[Scène locale] Grandbruit – Toile vierge
Depuis quelques années, le nom de Grandbruit apparaît de plus en plus fréquemment dans les discussions sur la musique ambiante québécoise incontournable. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore tenté l’expérience, Toile Vierge, son plus récent album paru le 10 mai dernier sous giraffe tapes, label indépendant de Tbilsi en Géorgie, constitue une parfaite synthèse de tout ce qu’il nous a offert depuis la création du projet en 2019.
Francis Tremblay, de son vrai nom, évolue constamment au travers d’un ambient centré sur une guitare traitée par des pédales qu’il sélectionne méticuleusement pour chaque parution, question de s’imposer le défi de créer un univers avec seulement une portion de son arsenal d’effets. Souvent présenté sous forme de drones, l’aspect textural qui en résulte est plutôt hypnotisant en plus d’être grandement apaisant. On peut parfois croire à la présence d’une chorale céleste ou bien d’un regroupement de musiciens, mais il s’agit bel et bien d’une seule personne, improvisant avec un équipement qui semble presque être l’extension physique de l’individu.
Fidèle à son habitude, il se veut un adepte de la lenteur et nous entraîne avec lui dans son laisser-aller. Peu importe le moment de la journée où vous choisirez de lancer l’album, il se fusionnera petit à petit avec votre entourage. Toile vierge agira comme le vent qui souffle dans les arbres ou comme les nuages qui interfèrent avec le soleil. Granbruit possède la retenue et la discipline nécessaire pour créer une musique intemporelle et propice à l’abandon. Elle est la trame sonore idéale pour nous permettre de cicatriser quelque chose d’ancré au fond de nous-mêmes, ou de tout simplement réaligner nos émotions et notre énergie. Francis est assurément passé maître dans l’art de créer des paysages qui s’apparentent à une méditation bénéfique.
Les gens qui ont aimé le premier EP de Solipsisme ou encore un disque comme Goodbye to Language du vétéran Daniel Lanois n’auront aucune difficulté à se laisser bercer par l’album de six titres composés en hommage aux femmes qui ont marqué la vie du musicien au fil des années. Grandbruit, dont la page Bandcamp personnelle compte vingt-deux sorties depuis 2019, semble intarissable et on ne peut faire autrement que d’être impatient·e pour ce qu’il nous présentera dans la suite de son parcours artistique des plus prolifique, sensible et intimiste. Bonne découverte!
→ À écouter si vous aimez : Anne Sulikowski, Benoît Pioulard, Brian Eno, Kevin Shields et thisquietarmy
→ Morceau favori : Ton départ
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 10 mai 2021 sur giraffe tapes.