[Festival] MUTEK (2019) – Jour 3
Expérience 2 – Esplanade de la Place des Arts
Qui dit une autre journée au MUTEK dit une agréable fin d’après-midi passée sur l’Esplanade! Aujourd’hui, pour lancer le bal du troisième acte du festival, nous avions droit à YlangYlang et sa présence scénique toujours aussi charismatique. Aussitôt arrivé près des lieux, il était possible d’entendre la voix de Catherine accompagnée de magnifiques sonorités douces et nuancées. Sa prestation aura duré environ 45 minutes et l’ambiance fut agréable du début à la fin. La cadence s’élevait par moment et permettait à la foule de hocher la tête et de se dandiner au gré de ses paroles uniques. Le public qui s’agglomérait de plus en plus était annonciateur d’une soirée faste et bien intéressante.
Le projet originaire de Vancouver Slim Media Player suivait la Montréalaise pour nous en mettre plein la vue avec son arsenal bien garni. Avec un début de set plus ambiant, nous avons pu saisir toute la richesse des sonorités qu’il avait à nous proposer avec son synthétiseur analogique. Plus la performance progressait, plus il y ajoutait des éléments afin de rendre le tout plus complexe, mais surtout plus percutant. Après une quinzaine de minutes, il était rendu impossible de demeurer immobile devant les rythmiques lancinantes du producteur. Je souhaite assurément suivre le futur de ce projet qui regorge de qualités et de potentiel.
© Photo: Myriam Ménard – YlangYlang
A/Visions 1 – Théâtre Maisonneuve
© Photo: Bruno Destombes – Ryoichi Kurokawa
© Photo: Bruno Destombes – 404.zero
Play 1 – Agora Hydro-Québec du Coeur des Sciences de l’UQAM
Le premier volet de la série Play présentée par Resident Advisor prenait forme lors de cette troisième journée. Une foule plus que raisonnable s’était déplacée pour voir les premiers balbutiements du montréalais Adam Basanta. La préparation hors pair de l’artiste ne faisait aucun doute, il s’agissait sans doute du rendu sonore le plus juste et précis de ce début de festival. Texturée à souhait et parsemée d’envolées épiques, la musique de Basanta faisait l’unanimité dans l’assistance. Les divins jeux de lumière agrémentaient à merveille les sonorités soutenues qui étaient inspirées de son plus récent album Intricate Connections Formed Without Touch. Adam a toutefois su réajuster ses compositions d’une manière extrêmement pertinente en leur infusant une saveur toute particulière, ce qui a rapidement été approuvé par la foule du MUTEK. Définitivement l’une des plus belles performances du festival jusqu’à maintenant!
S’en est suivi de la performance en deux temps de Jonathan Scherk et Daniel Majer qui se partageaient la scène pendant une trentaine de minutes chacun. L’éclairage ultra-minimaliste, tout comme la musique d’ailleurs, semblait tomber à plat après ce que nous venions tout juste d’expérimenter. L’endroit se remplissait de manière presque désagréable et il était impossible de réellement profiter des sons évasifs des deux artistes puisque nous ne pouvions plus être assis au sol. C’est à réécouter dans le confort de son foyer, mais malheureusement beaucoup trop minimal pour ce genre de soirée bondée.
Le tant attendu Jan Jelinek prenait ensuite place sur scène avec une caméra filmant tous ses faits et gestes. L’idée était sympathique, mais la pertinence de voir ce que l’artiste réalisait sur scène était peut-être futile vu le style offert. Probablement intéressant pour les musicien·ne·s présent·e·s dans la salle, mais assurément ennuyant pour le commun des mortels. Le résultat était toutefois beaucoup plus strident et relevé que ses prédécesseurs. Jelinek nous rendait par moment inconfortables, mais certainement pas indifférent·e·s vu l’originalité de sa musique. Après une vingtaine de minutes, la surdose était malheureusement atteinte et nous avons pris la direction du MTelus pour dénouer nos tympans de toute la musique ambiante et expérimentale qui nous avait été servie depuis le début de la journée. Il est parfois salutaire de ne pas trop se casser la tête et de simplement laisser nos corps se déhancher.
© Photo: Myriam Ménard – Jan Jelinek
Nocturne 3 – MTelus
Alors que le MTelus leur était entièrement réservé pour leur première canadienne, les attentes étaient élevées pour la troupe d’improvisation à géométrie variable Circle Of Life. Composé de cinq acteur·trice·s bien impliqué·e·s dans les différentes scènes gravitant autour de la sphère de la musique électronique, le collectif se voyait alloué six heures pour mettre le feu aux planches de la Nocturne 3. Arrivé environ une heure après le début de la prestation alors que l’Agora Hydro-Québec se remplissait à vu d’œil pour la première édition du Play, l’ambiance commençait doucement à s’échauffer sur le parterre du défunt Métropolis qui abritait quelques centaines de festivaliers. Plus le temps avançait, plus l’atmosphère s’embrasait alors que les échos de bass se multipliaient délogeant tranquillement les sonorités plus house du début de soirée.
Plus le temps filait, plus le set évoluait et s’intensifiait au grand plaisir de l’auditoire grandissant. La complicité entre les cinq membres de Circle Of Life est indéniable, malgré le fait que nous les avons rarement vu·e·s au même moment sur scène. L’entente quasi parfaite rendait difficile de croire qu’il s’agissait d’une séance d’improvisation alors qu’en général, tout roulait au quart de tour! Le résultat de cette collaboration est difficile à définir, car la musique est en perpétuelle mutation. Parfois acid, d’autres fois plus house, mais majoritairement techno, le set n’avait qu’un point en commun du début à la fin: l’efficacité désarmante des pièces qui nous étaient balancées. J’ai bien apprécié les nombreux segments où Mathew Jonson s’emparait d’un synthétiseur pour ajouter un élément de surprise au travail des cinq acolytes. Toujours un peu sceptique lorsqu’un artiste ou groupe se voit offrir une prestation d’une durée aussi considérable, nous devons nous avouer charmés, car les passages à vide furent présents, mais plutôt rares, bravo pour l’audace du festival d’avoir invité ce collectif!
© Photo: Bruno Destombes – Circle Of Live
À voir lors du Jour 4:
- Deuxième volet A/V avec la performance cinématographique et méditative de loscil.
- La palette de talent qui defilera sur scene pour la Nocture 4, 100% techno!
- Le délire A/V grime de Sinjin Hawke & Zora Jones qui s’annonce éclaté!